Il y a des choses comme ça dans la vie, où des erreurs de jugement font que vous retardiez, voire, annuliez le visionnage d’un film. Pourtant ça se joue à pas grand chose : un titre peu accrocheur, une couverture trop banale et explicite, un sabre ensanglanté trônant au centre du plan. Pour moi, qui entretiens une aversion profonde pour les films d’action et de combat, où les scènes d’affrontement s’enchaînent sans but, ces éléments étaient rédhibitoires. Comme dirait l’autre, il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Eh bien c’est ce que j’ai fait pour Kill Bill, je l’admets, pendant longtemps. C’est dans ces moments où l’on se rend compte que malgré tout, parfois, les actions peuvent découler de raisonnements vraiment limites, voire on peut le dire, complètement cons.
Eh bien voilà, j’ai pris une claque avec 16 ans de retard. Pas une petite claque non, une bonne grosse torgnole, de celles qui vous étourdissent, effectuées avec la main bien ouverte, qui vous font sauter les molaires et vous remettent les idées en place. En effet, chaque coup de sabre perpétré par (a@#!), chaque jambe découpée, était une attaque directe à mes préjugés, qui giclaient comme des torrents inépuisables.
J’ai aimé Kill Bill car ce n’est pas un film violent. C’est un film où la sensibilité accrue des personnages les pousse à commettre des actes violents. Kill Bill n’est pas un film d’action, c’est un film qui a recours à enchaînement d’actions pour répondre à une quête intellectuelle supérieure : la peur de subir son existence et de ne pas contrôler sa vie.
Jusqu’à présent j’avais regardé chaque film de Tarantino avec des attentes, et j’y ai trouvé mon compte à chaque fois. Regarder un film de Tarantino avec des attentes, c'est satisfaisant.
Regarder un film de Tarantino sans attentes, c'est jubilatoire.