Joanne s’appelait Whalley-Kilmer à l’époque de Kill Me Again. Elle et Val Kilmer tournent chez Dahl le deuxième film de leur mariage après Willow, dans un environnement nettement plus sec et moins fantaisiste qui fait passer le Nevada pour l’Australie avec sa jolie photographie.
Le but était peut-être de nous faire prendre la dimension de ces grandes étendues à l’Ouest des Rocheuses où tant d’autres road thrillers ont écumé les motels et lancé leurs œillades à Las Vegas, capitale autoproclamée des petits criminels far westiens.
On nous sert de beaux décors aussi bien propres ou figurés que sales et défigurés pour des courses-poursuites d’endurance entre les gros cailloux rouges. Aujourd’hui, on s’en fiche, mais le PEGI de l’époque placardait un joli -18 pour violence en UK et en NZ. Comme quoi les sorties de route étaient encore faciles à septième-artifier sanguinolemment, et c’est peut-être ce qui explique les plans semi-horrifiques plus datés qu’ils ne devraient l’être ainsi que la grande confiance placée dans le charisme des têtes d’affiche, laquelle pourrait titrer ”wanted dead on the screen”, sauf qu’aucune récompense n’a été attribuée.
Je louerai l’ambiguïté maintenue très longtemps dans l’intrigue, qui sans rien cacher (tout demeure même très évident) préserve un vrai doute sur le mobile des uns et des autres. L’entreprise est facilitée par le peu de prise de risque : une mafia floue dans l’arrière-plan, trois personnages principaux, pas vraiment de présence policière ni de parasites, bref : c’est un thriller au rabais qui fait un truc bien avec les quelques ficelles qu’il s’autorise.
Kill Me Again risque d’être mémorisé par certains pour ses très beaux paysages, ce qui n’est pas très prestigieux. C’est un Thelma et Louise sans tension, un Mad Max dépourvu de mystère qui croit bien faire avec des plans qui transforment le caméraman en espion et la ville de ”Last Chance” en préfiguration maussade d’une fin tout juste bonne à satisfaire les adeptes de maigres crescendos.
→ Quantième Art