Au début, l'interprétation branlante interpelle. Pas que le directeur de la clinique ne soit pas vraisemblable, mais il contraste net avec Virginie Effira, qui ne sort pas vraiment de sa zébrure de présentatrice et surjoue à côté de la plaque. A sa suite, Poelvoorde remplit parfaitement son rôle évanescent, même si on voit ressortir le personnage public fanfaron (cf. la scène de la salle de bain) à travers son personnage de dépressif. En-dehors de ça : R.A.S., c'est un vrai plaisir de retrouver certaines têtes connues au bataillon (Bouli Lanners, Philippe Nahon), et même de les entendre parler en anglais ! Comme pour varier le registre...

Pourtant, au titre des plaies, le montage apparaît d'emblée naze : aucune transition n'est ménagée, c'est malpropre et fauché à la serpe alors que bien au contraire, l'action se fait lente. Et puis, à voir tous ces barbus dépressifs, on croit voir un énième film grotesque à l'humour facile, trop facile ; avant de se laisser aller... Car heureusement, à mesure que le mauvais film se voulant « arty » et léché (le noir et blanc, le cadre, le choix des costumes) s'efface et que le rythme gagne en vigueur, Barco lâche les brides et laisse aller la folie pure, celle du festival de l'humour noir et de la farce à la Hot Fuzz.

Ainsi, l'intérêt va augmentant jusqu'à l'acme, à mesure que les bases posées avec minutie s'écroulent comme on prendrait un malin plaisir à shooter dans un château de sable. De cette manière, les tares qui dérangeaient sont progressivement occultées, de sorte que le film ne déçoit en rien et laisse plus qu'une bonne impression.

N'ayant finalement pas grand-chose à voir avec le C'est arrivé près de chez vous dont il devait être le digne héritier, il est davantage comparable à Bons baisers de Bruges pour l'humour irrévérencieux, Calvaire pour l'ambiance insulaire et la caricature des « villageois », ou encore 13 Tzameti pour la photo et le culte du mystère. Après l'hymne, ou le chant du cygne en période de rat d'opéra, appelez ça comme vous voulez, le film n'a aucun sens, si ce n'est celui qu'on veut lui donner pour masquer les apparences absurdes. Le résultat est donc parfait... ou presque.
Adrast
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 'Noir c'est noir' et Les meilleurs films de 2010

Créée

le 26 mai 2011

Critique lue 307 fois

1 j'aime

Adrast

Écrit par

Critique lue 307 fois

1

D'autres avis sur Kill Me Please

Kill Me Please
SlashersHouse
8

Le suicide, cette mystérieuse voie de fait sur l'inconnu.

Olias Barco, qui nous avait servi le ni bon ni mauvais Snowboarder en 2003 semblait s'être arrêté avec ce seul et unique film. Après 7 ans d'absence, le voilà qui revient avec un film choc qui laisse...

le 12 mai 2011

4 j'aime

Kill Me Please
Bow
4

Critique de Kill Me Please par Bow

Dommage. Je trouvais l'idée hyper intéressante ; un medecin accompagnant ses patients qui souhaitent se suicider de manière à rendre le suicide plus digne, plus humain peut-être même, le tout dans...

Par

le 3 mai 2011

4 j'aime

Kill Me Please
LeBlogDuCinéma
6

Critique de Kill Me Please par Le Blog Du Cinéma

Stéphane Guillon a dit : « L'humour noir, c'est très voisin de la cuisine [...] : tout est une question de dosage. » Il a raison. Et c'est bien pour ça que les comédies noires ne courent pas les...

le 29 avr. 2011

4 j'aime

Du même critique

Comprendre l'empire
Adrast
6

Comprendre 1/10ème de l'empire

Avec un titre aussi prétentieux, accolé au sulfureux nom d'Alain Soral, il est facile de frémir, de se dire "merde, lire un truc de facho c'est déjà être un peu facho". Et puis on se dit que ce...

le 17 mai 2013

25 j'aime

5

Persepolis
Adrast
4

Court d'Histoire, long de clichés.

Je partais avec un a priori négatif. Après quelques minutes, j'ai révisé mon jugement pour apprécier l'univers pas si niais et rondouillard que j'imaginais. Puis je me suis ravisé. Tout au contraire,...

le 27 mars 2011

24 j'aime

13

Samurai Champloo
Adrast
5

Douche froide.

D'emblée, Samurai Champloo se laisse regarder en se disant qu'on voit un énième manga détroussé de son scénario, foutu aux oubliettes avec son cousin l'originalité. L'absence d'intrigue est ce qui...

le 23 févr. 2011

21 j'aime

9