Un braquage audacieux tourne au vinaigre, le personnage principal atterri dans une prison mexicaine sordide et des gangsters lui courent après. Evidemment l'anti-héros va finir par tous les rouler dans la farine pour survivre, récupérer son pognon et sauver au passage la veuve et l'orphelin, littéralement. Le pitch a tout d'un "Payback chez les mexicains". Un sentiment de déjà-vu est donc décelable d'emblée mais, contrairement au film de Brian Helgeland, "Kill The Gringo" échoue surtout à cause de son traitement.
La jaquette française de ce Direct-to-DVD produit et porté par Mel Gibson (qu'il devait réaliser avant de passer la main à Adrian Grunberg, padawan de Mel sur l'excellent Apocalypto) nous dit "Arnaques, crimes et tequila" en clin d'oeil au très surestimé premier film de Guy Ritchie "Arnaques, crimes et botanique" et cette simple phrase suffit à résumer les raisons de l'échec du film. Se voyant bien en frère de Tarantino le film s'avère être plus proche du fils attardé de Ritchie. Tous les ingrédients sont là, recyclés sans génie si bien que tout semble forcé, l'humour cynique par exemple ne fait pas illusion longtemps et la partie film noir ne fonctionne, pour ainsi dire, pas. On se lassera vite des rebondissements de plus en plus bancales et des méchants qui attrapent le héros mais qui ont toujours une raison bien débile de le laisser partir, et donc de se faire tuer dans la foulée. Le film tente de jongler entre la gaudriole et le sordide mais le second dérape régulièrement dans le premier, et inversement, sans qu'on ait jamais l'impression que ça soit fait exprès. Certains passages dramatiques tombent donc dans le ridicule et certains moments humoristiques tombent à plat de façon gênante. Mel Gibson sauve l'entreprise à la seule force de son charisme poivre-et-sel mais le reste du casting se révèle trop caricatural, du brave orphelin prêt à tout pour sauver sa mère aux hommes de main patibulaires et complètements abrutis. Le pire reste sans doute les gesticulations de Peter Stormare qu'on n'aura jamais vu aussi peu crédible en caïd.
Derrière la caméra Adian Grunberg paye son statut d'ancien réalisateur de seconde équipe puisqu'il n'imprime jamais de réelle personnalité à la mise en scène. Là aussi le recyclage piochant chez Tarantino/Ritchie/Rodriguez peine à convaincre, dans une imagerie qui ne sait jamais si elle doit être trash ou décalée. Si certaines séquences font illusion, comme le début, le film s'autorise aussi quelques moments que les plus grands nanars n'auraient pas renié, à l'image d'un Mel Gibson attrapant une grenade en plein vol avant de la renvoyer sur un mercenaires dans un zoom avant ridicule montrant bien que la cible aurait eu tout le temps de se barrer au lieu de se protéger bêtement le visage.
Faux film cool qui veut se la jouer badass sans jamais vraiment comprendre comment y arriver "Kill The Gringo" ne vaut que pour sa star, en forme et débordante de charisme. Le rythme effréné du film aide à ne pas s'endormir mais il est difficile de s'impliquer dans cette histoire qui fleure bon l'opportunisme, dans ce film d'action sans saveur. Mel Gibson dit avoir volontairement distribué ce film en vidéo/VOD pour coller à l'air du temps, mais quand on sait quel bon réalisateur il peut être on se dit que c'est surtout le résultat peu enthousiasmant qui a certainement dû le convaincre de ne pas risquer une sortie en salle.