• C'est du gros calibre.

  • Ça tu l'as dit. T'as vu la gueule de ce type ?

  • Quel type ? Ça n'a rien d'un homme c'est espèce de monstruosité. Il nous faut des armes plus efficaces !

  • Prend le temps de respirer... Relax. Hein, on y va.

  • Ouais... Relax... Relax... Il nous faut des armes plus grosses que ça. Des putains de flingues ! Des putains de flingues !

  • Oh... Non... Non... Non... Tirez pas...

  • Pardon ! L'armurerie, on va aller à l'armurerie, on va aller chercher des vraies flingues ! Hein Stone !? On a besoin de vrais flingues ! De gros calibres !

  • Tu as vu ces yeux ?

  • Tout ce que j'ai vu c'est...

  • Ouais ? Eh ben boit.

  • ... Une créature infecte et gigantesque.

  • Comment tu te sens ? Ça va mieux ?

  • Ouais !

  • Tu es sûr ?

  • En fait je suis...

  • Un peu crispé ?

  • ... C'est ça !

  • Parfait. Tient mange c'est bon pour ce que t'as. Dick, tu t'envoies vraiment en l'air tous les soirs ?

  • Oh que oui ! Et maintenant ?

  • Maintenant, on va aller chercher la grosse artillerie que tu réclames. Ça te va ?

  • Inch allah.



Killer Instinct est un film de science-fiction horrifique signé Tony Maylam et Ian Sharp sortie en 1992. Il représente à mes yeux une oeuvre importante, étant le film m'ayant grandement ouvert les portes du survival-monster-horror, auquel j'étais totalement novice. Un genre à l'époque nouveau pour moi, devenu par la suite mon embranchement cinématographique préféré. Killer Instinct est une production de série-B sous-estimé, certainement imparfait, mais vraisemblablement intéressant. Étant très nostalgique de ce titre, mon ressenti est certainement influencé par les émotions du passé, néanmoins je confirme qu'il mérite le coup d'oeil, surtout pour les amoureux du genre.


Avec son approche très année 80, le récit présente une enquête autour d'une créature diabolique, qui arrache violemment le cœur de ses victimes, dans un Londres futuriste inondé par les flots. Alors que l'ensemble des services pense avoir affaire à un tueur en série, le policier Harley Stone (Rutger Hauer) convaincu de l'inhumanité de sa proie, poursuit la créature afin de se venger pour la mort violente de son ancien partenaire.


L'atmosphère est une totale réussite, avec un cadre sombre et effrayant, l'intrigue présente un cadre répulsif, qui à cause du réchauffement climatique a créé de fortes précipitations qui ont noyé Londres. Tout est sale et poissard dans l'image. Sous un contraste continuellement de nuit, les personnages principaux gravitent dans un décor nauséabond, malsain, licencieux, morbide et sanglant. Un milieu appocalyptique. La mise en scène est instable, pouvant s'avérer autant habile dans certains plans que limités. Les compositions musicales de Francis Haines et Stephen W. Parsons sont efficaces, dans une mouvance inquiétante rappelant légèrement celle de Terminator. Le scénario bien que lisse et déjà-vu, s'avère énergique et performant notamment avec les scènes d’action, qui amènent quelques séquences de fusillades dynamiques et mémorables. Tout l'intérêt du récit réside dans le jeu de chasse et de la souris entre Harley Stone et la créature, qui se moque continuellement du héros en tuant perpétuellement et sauvagement autour de lui, comme pour le narguer, vu qu'il est le seul survivant de l'une de ses attaques. La poursuite amènera une confrontation finale plutôt réussie.


Le film souffre de son petit budget, notamment autour de l'élaboration de la créature, qui sans être loupé manque de finition. C'est amusant de constater qu'au niveau du design celui-ci ressemble à Venom. Le mysticisme élaboré autour du monstre est intéressant, on sait peu de choses de lui si ce n'est qu'il absorbe l'ADN de ses victimes et qu'il a un rapport avec un rite satanique. Sa présentation à l'écran est intéressante vu qu'on ne voit dans un premier temps qu'à travers ses yeux, à la première personne, comme pour Les Dents de la mer. Le concept le plus ingénieux vient de la connexion établie entre le monstre et un survivant blessé par lui. Le survivant se retrouve alors connecté avec la créature, se mettant en entendre les battement de coeur de celui-ci, lorsqu'il est proche. Une aptitude intelligente amenant de bonnes scènes de tension, avec les pulsions de la créature qui tambourine avec horreur et stress, comme avec la musique des Dents de la mer (encore une fois). Tel le stress provoqué par le bruit du radar de mouvement dans Aliens de Cameron, les pulsions de coeur du monstre donne le rythme.


Rutger Hauer est excellent, il incarne avec rogne et agressivité le personnage d'Harley Stone, inspecteur névrosé totalement accro au café, au chocolat, au cigare et aux gros guns. Vêtu de grosses bottes en cuir et d'une longue veste noire, il est digne des meilleurs actionneurs des années 80, autant dans l'allure avec sa carrure imposante, que dans le vocabulaire avec des vannes piquantes. Une caricature contrebalancée par un traitement plus profond du personnage, qui est torturé et viscéralement tendu au point de devenir fou et incontrôlable. Il incarne avec brio le désespoir. Il me fait un peu penser à The Punisher, une affiche pour le moins amusante : Venom vs The Punisher.


Neil Duncan dans le rôle de Dick Durkin est le nouveau coéquipier d'Harley Stone. Présenté au départ comme un cul serré emmerdeur, il devient rapidement le compagnon fidèle du héros, prenant grandement part au conflit, servant totalement l'action. Il amène un peu plus de légèreté au récit. Kim Cattrall sous les traits de Michelle, la demoiselle en détresse qui ne se laisse pas faire est satisfaisante, mais agaçante sur la fin. C'est d'ailleurs un problème que j'ai à remonter, " le final ".
Bien que j'aime la confrontation finale, il y a un traitement des personnages qui me laisse perplexe, ils affrontent la créature et par moments ils se marrent avec des répliques drôles, c'est déstabilisant. À un moment donné, Harley Stone envoie une grenade sur le monstre, et se jette à terre en prenant dans ses bras Michelle qui s'écroule en hurlant de peur, et roule aussitôt une pelle à Harley alors que tout explose autour d'eux. What The Fuck !Pas comprit ce choix de traitement, alors que pas une fois dans le film les personnages se marrent en se battant.


CONCLUSION :


Killer Instinct est un film de série-B, convaincant présentant une confrontation trash et sanglante entre une créature satanique et un flic badass. Bien qu'imparfait ce long-métrage est un petit bijou auquel il faut faire preuve d'indulgence sur quelques points pour entièrement l'apprécier. Rutger Hauer sous les traits de l'antihéros charismatique Harley Stone est excellent, bravo également à Neil Duncan qui ne démérite pas contre une créature immonde échapée de l'enfer. Un bon survival-horror, amenant suffisamment de gore et d'action pour passer un bon moment.


Killer Instinct est autant culte que coupable.

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le 15 avr. 2020

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