William Friedkin braconne sur les terres des frères Coen. On pense immédiatement à Fargo, Sang pour sang ou No country for old men en regardant Killer Joe.
Plus cru, plus direct, il frappe fort sous la ceinture de l'Amérique profonde sans aucun scrupule. La pauvreté du milieu n'excuse pas l'avidité, la stupidité, les haines, la violence des personnages, tous plus égoïstes les uns que les autres.
Si l'argent est au cœur des préoccupations des héros, le sexe est morbide, fait de trahisons, de nymphomanie, de vénalité. Le père et le frère n'hésitent pas à vendre la virginité de la petite dernière. Mais il va encore plus loin avec des suggestions d'inceste et de pédophilie.
Friedkin sait choisir ses acteurs. Il va repêcher Matthew McConaughey, alors sur la touche et qui nous livre une prestation hallucinante. Il nous propose aussi une petite nouvelle: Juno Temple, une révélation.
Pour l'un comme pour l'autre, ce film marque le véritable lancement de leur carrière d'acteurs "bankables".
Avec un humour noir absolument féroce, Friedkin démolit le rêve américain.
Profitons de la douceur de vivre en France avant que des idéologues et fanatiques de tout poil ne viennent tout gâcher.