Une expérience à vivre... ou pas ?
Il faut vraiment le voir pour y croire... Adapté d'une pièce de théâtre, Killer Joe a pour particularité principale de faire passer le spectateur par une palette quasi exhaustive d'émotions : du naïf à la psychopathie, du bisounoursesque attendrissant au glauque le plus trash vu au cinéma depuis un moment, de la gravité au burlesque, de la beauté à la nausée, de l'amour pur à la pédophilie, tout y passe, et je suis loin d'en faire le tour... Interdit aux moins de 12 ans, il devrait objectivement l'être aux moins de 16 ans, voire peut-être aux moins de 18, car même si elles sont rares, certaines scènes mélangent sexe (à la limite de la pornographie), violence physique dure et violence psychologique très dure dans les mêmes images, notamment lors du final, apothéose inattendue et indescriptible....
D'un point de vue technique, la réalisation est très bonne, en considérant la photographie, propre et pertinente, et la qualité des images, assez travaillées ; d'un autre côté, le montage est parfois maladroit et les ambiances, bien que toujours intenses, sont éphémères voire inconsistantes, mais tout cela semble être réalisé consciemment, toujours dans cette volonté d'alternance chaud/froid. Au final, le tout peut paraître incohérent, mais c'est justement ce qui fait l'intérêt de ce film : le changement et l'instabilité. Et surtout, Matthew MacConaughey fait une prestation énormissime, qui lie l'ensemble. (A voir en VO pour bien profiter de l'accent traînant du Texas, connoté comme il se doit...)
Au final, on en sort troublé et perplexe, sans savoir quoi en penser, presque sonné après avoir vécu tant de sensations si différentes.... Bref, sûrement une expérience à vivre, mais il faut avoir envie de se faire du bien et du mal en même temps.