Avant de détailler pourquoi j'ai bien aimé ce film, il faut d'abord en expliquer la genèse. Au départ, il y a un fait divers sordide : le meurtre d’une mère par les autres membres de sa famille : son mari et ses enfants. La raison : une histoire d’assurance vie minable. A partir de cela, William Friedkin va créer un film assez étrange.
L’histoire se déroule au Texas. Chris est dans la merde. Il doit 6000 dollars à un gros dealer du coin. Tout ça, c’est à cause de sa mère qui a revendu sa came. Pour s’en sortir il monte avec son père, Ansel, divorcé, et sa soeur, Dottie, une sordide arnaque à l’assurance. En effet, il se trouve que leur mère possède une assurance-vie de 50 000 dollars dont Dottie est la bénéficiaire. Ils embauchent un flic, qui, pour arrondir ses fins de mois, est aussi tueur, Joe Cooper. Comme le paiement ne peut se faire avant le meurtre, ce policier demande une caution en la personne de Dottie. Tant qu’il n’y aura pas eu paiement, elle lui appartiendra. De cette trame de départ émerge quelque chose d’éminemment… bizarre. En effet, comme vous vous en doutez, tout ne va pas se dérouler comme prévu.
Quant aux personnages, ils sont très bien élaborés, ils ont de la profondeur, mais nom de dieu qu’ils sont débiles (ou fous, au choix) ! Le père de famille, Ansel, est un gros nul, habitant en caravane, divorcé et remarié, qui ne pense pas, qui regarde le monster truck à la télévision tout en buvant des bières.
Chris a juste un don pour se foutre dans la merde. Il ne fait que parler. Après avoir réussi à foirer une ferme de lapins (si, si) il se reconvertit dans la vente de stupéfiants, et est dans la merde sus-nommée (dans le synopsis). Pour des raisons que je ne peux dévoiler ici, je peux vous assurer qu’en réalité il est aussi con que les autres.
Quant à Dottie, elle est juste allumée. Outre ses crises de somnambulisme, elle demeure complètement à l’ouest. Ses propos n’ont pas grand sens, elle apprend le kung fu en regardant des films à la télé. Elle est le pendant "calme" de Chris, toujours en mouvement.
Et Joe Cooper dans tout ça. Eh bien… comment dire… Il est hallucinant. Bon déjà, c’est un flic qui tue des gens pour l’argent. Il joue à merveille le rôle du mec froid. En fait, l fait très cow-boy, voire Texas ranger, mais en méchant : chapeau noir, lunettes de soleil, le cure-dent, la veste noire. Il a le regard ténébreux. En bref, il se la joue sévère. Mais il n’en demeure pas moins un gros raté comme les autres, il est juste un poil plus intelligent.
Il faudrait encore parler de Sharla, la seconde épouse d’Ansel. Disons seulement qu’elle ne supporte pas Chris. Le reste, vous le découvrirez.
Étonnamment, ces personnages m’ont fait penser à ceux de Ken Loach : de gros ratés qui nagent pour survivre. Bon, bien entendu, nous sommes très loin de l’ambiance somme toute bon enfant de La Part des Anges ou de Looking for Eric.
Bon, alors, convaincus ? Cette espèce d’ambiance délétère, cette famille qui même après un meurtre et avec un tueur à table, dit le bénédicité ? Cette amoralité totale ? Avouez que c’est… sympathique tout de même.
Il faut savoir que le film entier est sous tension : plans brefs, dynamiques, personnages tous en conflits à un moment ou à un autre, …
Quant aux acteurs, il sont vraiment vraiment bons. Il faut un sacré jeu pour camper un idiot (comme Thomas Haden Church campant Ansel – on le connait aussi pour avoir joué l’Homme Sable dans Spidey 3). Mais la palme revient à Matthew McConaughey qui est plus que crédible en texas ranger tueur salopard barré.
Un film de barjot, pour des barjots, qui raconte une histoire avec des barjots dans le dedans.
Enjoy !