Dosages de meurtre chez les Osages

Dans les années 20, la tribu amérindienne d' Osages s'est enrichie grâce au pétrole. Mais cela attire la convoitise de blancs peu scrupuleux, en particulier William Hale (Robert De Niro) qui se fait passer pour un bienfaiteur aux yeux de tous alors qu'il les vole avant de recourir aux meurtres avec l'aide de son neveu Ernest Buckart (Leonardo Di Caprio)...
A qui reconnait-on un grand cinéaste ? C'est quelqu'un qui est capable de s'accaparer d'un sujet et de le mettre à sa "sauce" .
C'est exactement ce que fait Martin Scorsese avec "Killers of The Flowers Moon" dont il a écrit le scénario avec Eric Roth (scénariste entre autre de Forrest Gump, Révélations, Ali , Munich ou encore Benjamin Button; autant dire une grosse pointure).
Après "The Irishman" pour Netflix, Scorsese retrouve les salles obscures et comme par hasard il retrouve son inspiration.
On retrouve la patte Scorsese : le mélange de nations comme dans "Gangs of New-York" , des meurtres au révolver qui rappellent ceux des Infiltrés. Et surtout "les affranchis" qui présente quelque similitudes dans la construction. En effet on voit l'ascension d'Ernest Burckart au côté de William Hale et sa chute . Les relations entre les 2 principaux protagonistes rappellent celles qu'avaient De Niro avec Ray Llotta : amitié (ici c'est carrément la famille !), admiration respect avant de finir dans la méfiance... Et le tribunal !
Mais c'est aussi une histoire d'amour tragique entre Ernest Burckart et Molly (Lily Gladstone) . Molly est sans doute le plus beau personnage féminin vu chez Scorsese depuis Sharon Stone dans "Casino". Elle est l'âme la plus pure du long métrage . Et elle est plus intelligente que son mari: elle devine les manigances et manipulations ce qui va lui valoir quelques pépins...
Dans "The Irishman" Robert De Niro était bon. Ici il est grandiose. Il arrive même à donner un brin d'humanité à son personnage qui est pourtant immonde comme dans "Les affranchis" . C'est, à mes yeux, sa meilleure interprétation depuis "Heat " de Michael Mann.
Bien qu'elle ait déjà joué dans quelques films, Lily Gladstone est la grande révélation du film. A la fois forte, fragile et franche. J'espère qu' Hollywood lui donnera d'autres grands et beaux rôles à sa hauteur.
Quant à Leonardo Di Caprio, il est immense en crapule presque malgré lui: on sent du bon dans son personnage au début du film mais il vire peu à peu sans vraiment se rendre compte ... Peut-être un nouvel oscar pour Leo (son principal concurrent sera sans doute Cillian Murphy pour "Oppenheimer").
Les rôles secondaires ne sont pas en reste à commencer par l'excellent Jesse Plemons en enquêteur, Brendan Fraser et John Lithgow sont épatants en avocats (rôles courts mais marquants ) etc...
Martin Scorsese ne cherche plus à épater la galerie avec l'âge comme il pouvait le faire dans "Les affranchis" mais fait une mise en scène plus épurée tout en y instaurant une certaine tension et quelques scènes violentes . La scène d'ouverture tout en travelling avant est merveilleuse. SPOIL A noter une apparition du cinéaste à la scène finale (la fin est d'ailleurs exemplaire) où l'on voit sa sincérité et son émotion en parlant de l'histoire...
Martin Scorsese rajoute un futur classique à sa filmographie impressionnante comportant de nombreux classiques. Chapeau Mr Scorsese: vous avez réalisé un film à la hauteur de mes attentes.