Ma critique vidéo sur Killers of the Flower Moon
Martin Scorsese revient pour un nouveau long-métrage avec deux de ses acteurs fétiches, Leonardo Di Caprio et Robert DeNiro. Voulant parler des Osage riches de cette terre et d’hommes blancs qui convoitent leurs richesses, la bande-annonce nous apportait de l’intérêt. Mais est-ce que ce long-métrage est à la hauteur des attentes ? Honnêtement oui. Ce long-métrage est très travaillé sur énormément de points et Scorsese (malgré son âge) montre qu’il sait encore faire des bons films.
Certains lui reprocheront de critiquer le cinéma de super-héros comme quoi il faut l’ignorer pour sauver le vrai cinéma, il n’a pas totalement tort non plus. On vit dans une génération où le spectacle visuel prône sur tout le reste et où la majorité du public se contente surtout d’un bon spectacle visuel avec des bons effets spéciaux (chose que les blockbusters font en masse). Mais ça, c’est un autre débat et ça ne déteint en rien le long-métrage qu’il a fait.
Ernest Burkhart est arrivé en ville voir son oncle William King Hale afin d’obtenir du travail. Lors de son travail, il rencontrera Mollie Burkhart dont il tombe amoureux mais les affaires avec son oncle vont lui faire prendre un chemin particulier et dangereux…
Positif
- Ernest Burkhart *(Leonardo DiCaprio)* est un jeune homme qui vient d’arriver pour travailler grâce à son oncle et y faire sa petite vie tranquille. Malgré qu’il réussisse, il est un protagoniste imparfait et très influençable (notamment avec son oncle) qui va se retrouver dans une situation particulière où il va devoir payer. Autant dire que c’est le genre de protagoniste auquel on ne s’attache pas forcément mais où le développement est l’influence qu’il subit le rende réellement intéressant.
- William King Hale (Robert De Niro) est un homme riche et très apprécié de la ville qui cherche à obtenir le pétrole de ces terres appartenant à la tribu Osage et il semble près à tout pour l’obtenir. C’est le genre de personnage qui semble adorable quand on le voit pour la première fois mais qui cache beaucoup de choses, y compris sur son intelligence et ses méthodes pour obtenir ce qu’il veut. En tout cas, l’influence qu’il arrive à avoir sur Ernest le rend réellement intéressant.
- Mollie Burkhart *(Lily Gladstone)* est une femme Osage fortuné qui cherche à vivre sa vie paisiblement malgré qu’elle sente le danger et qu’elle cherche à se protéger en se méfiant de tout le monde au fur et à mesure que les choses avancent. Une femme assez attachante par sa personnalité et qui fait pas mal de peine quand on la voit dans un sale état.
- Quant au reste des personnages, ils jouent leurs rôles mais il n’y a pas grand-chose à dire sur eux.
- Le long-métrage est assez bien construit dans sa structure. On commence les deux premières heures en suivant Ernest et sa relation avec Mollie qui évolue, puis leur vie de famille où Ernest fait du crime organisé avec son oncle. Ensuite, à partir de la troisième heure, on y suit Tom White qui vient enquêter sur les différents meurtres qui ont eu lieu et en restant, surtout, sur leur point de vue. En soi, la structure de cette histoire est assez bien gérée pour ses 3h26, même si on finit par décrocher légèrement lors de l’enquête.
- L’évolution réellement intéressante ici est celle d’Ernest mais également de la situation. Ernest n’est pas un criminel professionnel et fait des erreurs qui le font évoluer dans certains sens, y compris avec sa femme et l’influence de son oncle. Dans tous les cas, on assiste à un développement intéressant du protagoniste et de la situation en elle-même avec les différents morts.
- Le long-métrage démarre par la mort d’un membre de la tribu Osage avec leur rituel en évoquant la peur des hommes blancs jusqu’à ce que le pétrole jaillisse du sol et les rendent riches. C’est une introduction intéressante qui place les origines de la situation actuelle de la ville et nous donne envie d’en savoir plus sur ce qui va se passer dans la suite.
- La relation qui se développe entre Ernest et Mollie, malgré un petit moment critiquable, évolue d’une assez bonne manière. Entre ce qu’Ernest fait qui nous faire demander si il l’aime vraiment et Mollie qui continue de lui faire confiance quoi qu’il arrive, ça donne une relation intéressante, y compris dans sa conclusion.
- Pour la tension, ce sont surtout les Osage qui sont touchés par cela mais on arrive à ressentir de la tension pour eux, notamment quand ça approche de plus en plus certains personnages importants de ce long-métrage. Elle met un peu de temps pour se faire plus forte mais elle finit par devenir efficace.
- Mine de rien, pour le XXème siècle, la société est plutôt bien reflétée ici. Ca se voit surtout avec la convoitise des hommes blancs pour la fortune des Osage et les opinions politiques de certains personnages sur « l’autre peuple ». Ce n’est qu’un détail mais c’est un détail très réussi ici.
- La fin est plutôt pas mal dans une nouvelle danse rituelle où les Osage sont assez nombreux (en forme de fleur vu du ciel). Ça apporte une bonne conclusion pour ce long-métrage après tout ça et le fait que les Osage restent des êtres humains au même titre que tous les autres.
- En terme de symbolisme, il y a des éléments intéressants comme de que représente ce pétrole pour William Hale, Mollie pour Ernest (ainsi que son oncle) ou même ces crimes pour les Osage. Il y a réellement du symbolisme très travaillée dans ce long-métrage.
- Le jeu d’acteur est très qualitatif. Sincèrement, le jeu d’acteur est de très bonne qualité de la part de tous les acteurs, notamment Leonardo Di Caprio dans ses moments de détresse et de peur. Mais bon, chaque acteur et actrice de ce long-métrage sont réellement investis.
- Question décors, c’est tout simplement beau. Chaque décor de ce long-métrage est un régal visuel à admirer. Quel que soit l’endroit dans lequel on se trouve, on arrive à être admiratifs des décors de ce long-métrage.
- Mine de rien, Martin Scorsese finit par nous faire un petit cameo dans un rôle qui correspond bien à tout ça. C’est un détail mais c’est un détail qui fait plaisir à voir, surtout qu’on ne peut pas le rater.
- La retranscription au XXème siècle est assez réussie avec les décors, les costumes et les personnages. Franchement, ce n’est peut-être pas important pour certains mais c’est un aspect assez réussi.
- Les costumes sont qualitatifs et ça se voit. Chaque costume est très bien travaillé et définissent très bien chacun des personnages, notamment William Hale et ses habits blancs et très chics.
- Question mise en scène, c’est très bien maîtrisé. Chaque séquence est très travaillé pour nous faire comprendre ce qui se passe et à analyser image par image avec chaque séquence.
- Les musiques sont superbes. Tout en étant dans le ton du long-métrage, elles nous offrent un régal auditif à écouter et qui colle très bien aux différentes situations qu’on y suit.
- Malgré certaines petites choses prévisibles, on finit par être surpris par quelques points de ce long-métrage, ce qui fait un petit peu plaisir.
Négatif
- Le mariage n’arrive t-il pas un petit peu trop tôt entre Ernest et Mollie ? Non sérieusement, ce long-métrage fait près de 3h26 mais le mariage arrive comme ça d’un coup après le « premier baiser » qu’on voit entre eux dans la voiture. C’est un détail mais la relation n’a peut-être pas été assez poussée pour en arriver là, surtout que ce baiser vient après une discussion où Mollie avoue le trouver séduisant, donc légèrement trop vite.
- La découverte d’un des corps des personnages est un peu étrange. Elle a eu lieu pendant une explosion voulue mais ils retrouvent le corps sur un mur tombé alors que l’autre personne (encore vivante) est retrouvée sous les décombres. Alors, elle a quand même une blessure évidente et grave mais la retrouver sur un mur à plat au sol sans que ce soit sous les débris, c’est un petit peu étrange.
- La séquence radio (ou sur scène) n’était peut-être pas nécessaire. Alors oui, ça amène à un cameo sympathique et c’est assez bien fait mais cette séquence nous sort un petit peu du long-métrage (même si ça change des textes de fin nous expliquant ce que deviennent les personnages).
- Est-ce qu’on voit venir que William Hale est derrière toute cette affaire ? Et bien oui. C’est un détail bien sûr mais dès le début du long-métrage, on voit venir que c’est lui qu’il va falloir craindre et le long-métrage nous le confirme au fur et à mesure des évènements.
- Question émotion, ils ont essayé mais c’est difficile de ressentir de l’émotion pour les différents morts, même quand ils sont proches de certains de nos personnages principaux. Après, ce n’est pas grave mais c’est regrettable.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Le crime organisé prend une grande place dans la ville. William souhaite tuer les héritiers du pétroles (dont Mollie fait partie) afin d’acquérir le pétrole au nom de son neveu et de ses petits-enfants, une stratégie simple mais efficace, y compris dans la manière dont il agit. Beaucoup de complices (médecins, hommes à tout faire…), une toxine dangereuse à faible dose pour tuer à petit feu ou des meurtres sanglants pour s’en débarrasser et faire passer ça pour des suicides. On peut dire ce qu’on veut mais il est déterminé pour obtenir ce pétrole, tout en continuant de faire bonne figure devant les Osage. Surtout quand on voit l’influence qu’il a sur Ernest en lui faisant croire qu’il est de son coté en permanence alors qu’il le manipule pour mieux obtenir ce qu’il veut (avec son message essentiel sur la famille).
Les deux seuls morts qui font réellement quelque chose, c’est Henry, l’homme de main de William qui finit par se faire tuer afin qu’il touche une certaine somme après une certaine date (tué par un homme qu’il voyait comme un ami en plus) et Anna, la fille d’Ernest et Mollie qui meurt de la coqueluche. Même si l’émotion est très travaillée, ce sont les deux seules morts qui font un petit quelque chose.
Le retour de Brendan Fraser (dans un petit rôle mais quand même). Revoir cet acteur dans un vrai rôle après tout ce qu’il a subi et sa longue absence est réellement un plaisir. Il ne fait que jouer l’avocat de William pour deux ou trois scènes mais c’est tout de même un grand plaisir de le revoir (avec Guillaume Orsat, sa VF officielle qui revient le faire aussi).
Au final, ce nouveau long-métrage de Martin Scorsese est un plaisir à voir malgré que certains vont lui reprocher d’être trop long. On sent tout le travail et le soin qu’il a su apporter à son long-métrage et ça vaut vraiment le coup de le voir au cinéma pour ceux qui n’ont rien contre les films longs. On a une mise en scène très soignée, des décors de toute beauté, des personnages principaux très bien développés, une tension qui fonctionne, une évolution intéressante de la situation et des musiques de toute beauté. Après, il est vrai que certains points sont légèrement prévisibles, que la séquence radio de fin est discutable et que l’émotion n’est pas au rendez-vous (malgré le soin apporté). Malgré tout ça, c’est tout de même un long-métrage qui vaut le coup d’être visionné.