Scorsese avec Killers of the Flower Moon sort peut-être là son film de la maturité (enfin !) en traitant d'assassinats d’amérindiens au début du XXe siècle.
Comme toujours avec lui c'est beaucoup trop long, mais j'ai l'impression que son sujet l'oblige à un peu de décence, à être moins drôle, plus grave et les acteurs à part DiCaprio cabotinent moins ce qui aide à rendre le film plus juste et plus touchant. Je veux dire depuis combien de temps on n'avait pas DeNiro aussi bon ? ou même tout simplement correct ?
Il n'est pas là en train de gueuler, en train de refaire le Parrain ou Raging Bull et ça rend son personnage fascinant. On voit dès le début que quelque chose de louche se trame autour de lui et on comprend bien vite qui il est vraiment, mais il a cette gueule d'ange, son calme et il semble plutôt apprécié des gens de la communauté ce qui lui donne un minimum d'ambiguïté, il ne joue pas la caricature du psychopathe prêt à tout pour tuer des Osages. On est sur quelque chose de plus sournois et insidieux.
De manière générale le film est vraiment bien écrit parce que n'importe qui d'autre aurait fait des intentions réelles du personnage de DeNiro soit un twist totalement cramé depuis le début, soit en aurait fait une caricature. Là non, on le voit, ça s'installe, on comprend ce qui se passe, comment il se sert du personnage de DiCaprio pour parvenir à ses fins. Et en face le fait d'avoir pour personnage principal un DiCaprio benêt, qui n'a pas la jugeote nécessaire pour comprendre qu'il se fait manipuler et qu'il cause du tort à sa femme alors qu'il semble sincèrement l'aimer, ça fonctionne vraiment bien.
Et ça fonctionne d'autant plus en terme de dynamique que ça ne l'excuse pas. Il n'y a pas de rédemption pour ce qu'il fait. Il avait tout pour être heureux et sa bêtise, sa naïveté ne sont jamais des excuses au massacre d'un peuple. Pourtant, et c'est l'autre réussite au film, les scènes entre DiCaprio et Gladstone sont vraiment touchantes, on sent que les deux s'aiment, qu'il y a une alchimie et qu'ils sont réellement attachés, ce qui fait qu'on aurait pu espérer cette rédemption et ce pardon, une fin heureuse en somme.
Malheureusement Scorsese a un peu du mal avec le personnage de Gladstone dont il ne semble pas trop savoir que faire. Il filme toujours des univers de mecs et ça se confirme là encore une fois. Heureusement qu'elle joue bien et que la relation avec DiCaprio fonctionne sinon allait droit vers un gros point noir dans le film avec un personnage assez insupportable.
Avec ce film, Scorsese montre comment un seul mec mal intentionné peut manipuler tout un tas de types soit bêtes, soit avides pour faire le mal et des crimes atroces, alors que parfois ils avaient même l'intention de mener une petite vie bien rangée. On retrouve aussi l'aspect communauté fermée, très mafieuse où personne ne parle, où tout le monde se connait et où il ne faut surtout pas faire trop de remous sous peine d'être liquidé.
Avec Killers of the Flower Moon Scorsese est plus sobre, plus respectueux, moins dans l'outrance (un peu comme dans Silence d'ailleurs) et c'était un peu ma peur qu'il ne puisse pas s'empêcher de suresthétiser des massacres d'amerindiens... Bon on a bien un plan où une Osage se fait tuer froidement qui est peut-être trop soigné, qui esthétise cette violence faite à ce peuple, mais on sent malgré tout qu'il s'est bien gardé durant tout le film de trop en faire.
Poursuivez vos efforts...