À se demander quand Steven Soderbergh se repose. À peine a t-il sorti La Grande Traversée et No Sudden Move à huit mois d'écart qu'il remet le couvert sept mois plus tard. Du mercenariat comme on en voit peu. Perdre son temps ne fait pas parti de ses hobbies, alors Soderbergh a la courtoisie d'appliquer cette règle de conduite pour son spectateur. Kimi, un titre court et qui claque. Son nouveau long-métrage est entièrement tourné vers ce besoin d'efficacité. 89 minutes au compteur et avec les spectres d'Hitchcock, Coppola et De Palma sur ses petites épaules, le thriller a le toupet de ne pas vaciller sous le poids de telles influences. Soderbergh conçoit sa mise en scène pour qu'elle entre en symbiose avec Angela, lointaine cousine de Lisbeth Salander craignant l'agitation extérieure. Chaque séquence dans son appartement est une démonstration de la précision clinique du réalisateur. Comme son ami David Fincher, les plans sont réglés au millimètre et accompagnent Zoé Felix (excellente) dans ses moindres mouvements. Cela vaut également pour le mixage sonore. Si vous avez un casque, ce sera un régal. Sitôt que le récit pousse le personnage à braver son système de défense (son logement étant défini comme un espace de sécurité), la caméra et le son épousent la nervosité de l'héroïne. Les cadres sont moins assurés, chaque mouvement est saccadé, la cacophonie urbaine agresse les tympans. Kimi amorce par petites touches l'évolution d'Angela vers les autres, seule planche de salut pour accomplir son objectif. De plus, le film a le bon goût d'apporter un regard nuancé sur la technologie, autant outil précieux que danger potentiel. Arrivé au bout, on peut s'accorder une respiration bienvenue. Après une jolie séance d'apnée. Courte mais qui claque bien.