Un film étrange. Présenté, hâtivement, comme un film de science-fiction culte, le pendant soviétique à Star Wars ; le Kin-dza-dza ! de Georgi Daneliya, tient plus de la comédie loufoque, un détonnant cocktail de Brazil pour la folie administrative, du Guide du voyageur galactique pour l’absurdité débridée, de Stalker pour l’obsolescence d’un monde en perdition et du théâtre de Samuel Beckett pour son pessimisme.
Deux moscovites sont projetés sur la planète Plouke de la galaxie Kin-dza-dza. Oncle Vova est ingénieur en BTP, Skripatch étudiant et violoniste, ou plutôt porteur du violon, car, contrairement aux apparences, c’est Vova le violoniste. Que cela vous serve de leçon : ne vous fiez pas aux apparences.
Nos héros sont accueillis pas deux autochtones, des humanoïdes télépathes. La planète désertique a connu un fort développement technologique, mais tout semble à l’abandon. Un implacable système de caste partage la société sur le seul critère de la richesse, le bien le plus précieux étant... l’allumette. Notre ingénieur possède une boîte qui devrait lui apporter la fortune et le moyen de rentrer au pays, si ce grand naïf de soviétique ne se faisait pas dépouiller par ses hôtes, le capitalisme c’est le vol.
Avouons que les deux premiers tiers peinent i susciter notre intérêt. Tout y est rouillé, sale et vétuste. Les manants sont soumis aux foucades de féodaux stupides et de policiers corrompus. Une clochette dans le nez, Vova et Skripatch sont contraints à une étiquette absurde et humiliante. Ils survivront en chantant, enfermés dans une cage ! Le scénario s’accélère sur la fin. Les visiteurs se rebellent et parviennent à initier chez leurs guides un minimum d’empathie. L’espèce Plouke n’est peut-être pas entièrement perdue.