Quelques mois seulement après son précédent (et très réussi) «Pauvres Créatures», le réalisateur Yorgos Lanthimos nous revient avec ce «Kinds of Kindness», triptyque perché et cruel sur l'emprise (physique comme psychologique) et la soumission.


Reprenant une partie du casting de son précédent film (Emma Stone, Willem Dafoe, Margaret Qualley), et y rajoutant également de nouvelles têtes (Jesse Plemons, Hong Chau, Mamoudou Athie), Lanthimos fait jouer chacun d'eux dans les 3 histoires, et dans des rôles bien différents à chaque fois.

Ce qui nous permet de voir et d'apprécier l'éventail de jeu très hétéroclite dont est doté ce casting talentueux (mention spéciale à l'excellent Jesse Plemons, très justement récompensé par le Prix d'Interprétation Masculine à Cannes cette année), qui constitue à mes yeux LA force principale de ce film trop long et assez inégal dans son ensemble.


Le souci principal de cette nouvelle production étant justement d'en avoir fait 3 films aux qualités très variables, plutôt qu'un seul film qui aurait sans doute été plus impactant et intéressant si l'écriture avait été adaptée au format long.


Un 1er film sur la dépendance affective assez réussie dans sa globalité, notamment dans son aspect cruel, et ce malgré quelques outrances stylistiques pas toujours indispensables.

Un 2nd film, se présentant comme une sorte de métaphore des violences conjugales, qui semble déjà un peu trop étiré pour ce qu'il a à raconter, et bascule dans sa dernière partie dans l'exercice de style qui veut bousculer à tout prix, mais sans y parvenir autant qu'il l'aurait voulu.

Et un 3e et dernier film, nous illustrant notamment les dérives du fanatisme sectaire et son obsession, dont le manque de rythme, des effets un peu lourdauds et la durée volontairement étirée pour rien, m'ont clairement démontré les limites de ce dispositif en triptyque et m'ont fait lâché l'affaire.


Dommage, la réalisation de Lanthimos est comme souvent de grande qualité, faisant ressentir par l'image la "prison" mentale dans laquelle se trouvent nos personnages, et l'usage d'un humour noir et imprévu fait parfois mouche au cours des différents films.

Seulement, cela n'a pas suffit pour me tenir en haleine durant 2h45.


Malgré un très bon casting qui se fait plaisir, «Kinds of Kindness» se rapproche plus d'un projet récréatif, bien trop long pour ce qu'il a à nous raconter, se la jouant parfois faussement provocateur et un peu m'as-tu-vu, et perdant clairement en rythme et en intérêt au fil de ses chapitres. 5,5-6/10.

Raphoucinevore
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le 27 juin 2024

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Raphoucinévore

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