Some of them want to use you, some of them want to get used by you, some of them want to abuse you, some of them want to be abused

Si le principe du film à sketches, reprenant les mêmes acteurs (même si là, ce sont presque tous les acteurs et non pas uniquement les principaux, donc ça pousse encore plus loin le concept à ce niveau !), ses derniers incarnant à chaque fois des personnages différents (excepté un, qui sert de lien !), dans des récits autonomes, a déjà fait, entre autres, de belles heures au cinéma italien par l'intermédiaire de comédies grinçantes, dont les représentants les plus célèbres sont Les Monstres de Dino Risi et Hier, aujourd'hui et demain de Vittorio de Sica, on se doute bien que sur tous les autres aspects, on s'éloigne considérablement de ces illustres œuvres quand on sait que le maître d'œuvre ici s'appelle Yórgos Lánthimos.


Bonne nouvelle, comme on ne change quasiment pas une équipe qui gagne, il reprend trois des acteurs qui ont contribué pour beaucoup à la réussite de Poor Things, à savoir Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley (de loin, le second rôle le plus mémorable dans le long-métrage que je viens de citer !). Il manque juste Mark Ruffalo, qui était excellent aussi, mais il y a de quoi se consoler de cette absence avec Jesse Plemons.


Après avoir été assez accessible avec ses deux précédents films (donc Poor Things et The Favourite !), le cinéaste replonge dans la froide et cruelle étrangeté hermétique de ses opus d'avant. Y a-t-il la moindre once de rationalité dans l'attitude irrationnelle de nos caractères déconcertants parce qu'il y a des faits qui se produisent sans pouvoir être expliqués ?


Une chose qu'est sûre, c'est que ce retour à cette radicalité artistique, avec toute l'imprévisibilité que ça comprend, va en laisser beaucoup au bord de la route alors que d'autres vont se laisser embarquer. Je me suis laissé embarquer, mais je comprends tout à fait que ça ne soit pas le cas pour d'autres.


Bon, outre les acteurs, outre l'esthétique avec ses touches de couleurs vives diverses, à travers les génériques, les costumes, les décors, les accessoires, outre des irruptions du passé ou du cauchemar en noir et blanc, le point commun entre ses trois histoires est sa thématique principale, à savoir la soumission, la servitude consentie, acceptée, voulue même (au fond, rien ne les empêche de fuir, excepté eux-mêmes !). C'est annoncé dès le début à travers les paroles de la chanson d'Eurythmics, Sweet Dreams.


On suit une victime consentante, se soumettant à un tyran qui incarne pour la première une sorte d'être démiurge auquel il faut obéir sans contestation, y compris aux demandes les plus énigmatiques et les plus extrêmes, ainsi que suivre les rituels les plus absurdes. Trois histoires, trois cadres dans lequel cette sujétion s'incarne : le monde professionnel, le foyer conjugal et une secte.


La mise en scène, par l'intermédiaire de gros plans, de longs travellings, de plans larges, par des notes de piano stridentes à la Eyes Wide Shut, renforce cette impression d'enfermement mental.


Quelle est la raison d'être de Kinds of Kindness, à part d'être un OFNI bien fait pour provoquer des réactions opposées, rappelant que le cinéma a aussi pour fonctions de bousculer et de provoquer la réflexion ? Ben, à cette question, je vais prendre la liberté d'y répondre par une pirouette : pourquoi il y a des esclaves qui se complaisent à l'être ?

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le 27 juin 2024

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Plume231

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