Yórgos Lánthimos persiste et continue, film après film, d’aller plus loin dans son exploration sans concessions de destinées humaines toujours aussi fracassées.Kinds of kindness ( titre ô combien trompeur et ironique quand on y pense) est un tryptique présentant des modèles de psyché humaine si paradoxals et déclinants, unis par la présence énigmatique d’un personnage MFR ( qui meurt, vole ou mange un sandwich). L’exercice de style présente des hommes ou des femmes dont le rapport transgressif à la nourriture, à l’alcool, au sexe est déjà problématique tandis que le rapport de domination dans la sphère professionnelle, conjugale, familiale ou sectaire laisse pantois car il atteint des extrémités folles.Spectateur de ces histoires troublantes et discordantes, vous ne pouvez qu’être abasourdi par leurs cheminements déglingués où la logique et la vérité sont des concepts explosés. Chapeau aux acteurs apparaissant dans des rôles différents à chaque histoire, et prouvant une endurance dramatique incroyable vus les contextes auxquels ils se coltinent. Cependant, la surenchère dans l’exposition ainsi que le malaise généré ne procurent aucun temps mort, contrairement à Pauvres créatures ( adapté d’un roman et non scénario original) où le burlesque et une fantaisie contagieuse rendaient encore l’histoire supportable sur la longueur. Difficile d’être donc conquis tout à fait par cette ritournelle coup de poing où même la musique grince pour vous prévenir que vous allez en prendre plein dans la gueule. Comme quoi, Lànthimos peut déjà s’inquiéter à ne pas faire le film de trop car effets et sens ne doivent pas trop se désunir pour faire mouche.