Documentaire sans commentaire
Trois heures au plus proche d’un des « prophètes du XXème siècle » (comme il est appelé dans le film). Et il est bien précisé, au début, que ce n’est pas exhaustif ou historique, mais que ce sont les moments les plus importants qui sont sélectionnés. Autant dire qu’on aurait pu en avoir pour quatre-cinq heures de plus facile. Et pourtant, cette fresque incomplète demeure immense, aussi saisissante qu’un film à grand spectacle, enchaînant avec des discours de Martin Luther King, de ses alliés, de ses ennemis, avec des chansons alliées au défenseur des droits des noirs, avec des textes récités par des acteurs et artistes (parmi lesquels Paul Newman, Mankiewicz, Charlton Heston, et tant d’autres). Pas de voix-off ni d’effet reportage-télé, mais un plongeon au cœur de l’action (près des balles, près du micro, près du public, dans l’avion, dans le train…). Nous sommes l’ombre de Martin Luther King, une ombre qui finit par être révoltée, émue, choquée, une ombre qui rit par moments et qui pleure par d’autres.
De Montgomery (lieu de naissance, du moins symbolique, de King en 1955, là où il commence sa révolte), à Memphis (lieu de mort de King, où il est assassiné en 1968), nous entendons les grands classiques : « I have a dream », « We shall overcome », et les moins classiques, des images intimes d’anniversaire, de voyage, des témoignages de frayeur… Plus renseigné qu’une fiche Wikipédia, ce film documentaire ne retient pas les codes du documentaire. C’est une œuvre de montage, qui a été faite à l’occasion d’une soirée d’hommage au Maître King Jr, quelques années après sa mort seulement, alors que le souvenir était encore frais. C’est une guerre pacifique, qui résonne dans notre société où la liberté de manifester, de s’exprimer, de penser, est encore menacée, même dans les « démocraties occidentales ». Il est intéressant de voir la stratégie de King, et le pouvoir d’une foule non-violente face à une répression policière ou civile (et parfois, rare, des policiers protégeant les manifestants des contre-manifestants). Des images qui choquent, et qui rappelle combien est importante la liberté de montrer, et encore plus celle de voir ! Je recommande ce documentaire en deux parties d’Ely Landau.

Alfred_Babouche
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le 27 juin 2019

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