Des trois films nommés "King Kong", cette version est certainement la moins bonne et également la plus datée. On peut difficilement en vouloir aux producteurs d'avoir eu envie de mettre un film des années 30 au goût du jour mais s'il se dégage un certain charme de cette version 1976, c'est parce qu'elle ne manque pas de verser dans le kitsch : celui des sentiments et puis celui de la réalisation dont les transparences sont franchement pas terribles. Malgré tout, en dépit de ses longueurs et de sa tendance à grossir les traits de ses personnages (ici, le méchant est un capitaliste travaillant pour une compagnie pétrolière), ce "King Kong" a quelques qualités.
Quand John Guillermin, habile faiseur, va chercher dans les gros plans de Kong, ses expressions sont saisissantes et lui donnent une dimension plus humaine, plus tragique et même parfois plus drôle (il faut voir le coquin sourire quand la belle Dwan est à moitié nue entre ses mains). Cherchant volontairement à lier Kong avec Dwan, le film offre quelques très belles scènes entre les deux, presque plus réussies que celle entre Dwan et le beau Jack dont la relation fait sourire. Les acteurs ne sont pas vraiment en cause. Certes on a connu Jeff Bridges plus à l'aise mais il se débrouille bien face au cabotin Charles Grodin. Et puis surtout il y a Jessica Lange dont c'est ici le premier rôle. Irradiant l'écran de sa beauté et de sensualité, l'actrice se montre à l'aise dans un rôle difficile, celui d'une cruche totale. La prestation de Lange évite de rendre son personnage antipathique et complètement stupide et l'on s'attache vite à elle, comme Kong et comme Jack. Révélation du film, prenant souvent des poses proches de l'orgasme même quand Kong lui propose une douche dans une cascade, Jessica Lange ne peut pourtant sauver le film de certains moments involontairement ridicules. Il faut dire qu'il est terriblement ancré dans son époque et en dépit de certaines fulgurances techniques, il apparaît aujourd'hui comme daté, bien plus finalement que la version 1933.