Le King Kong de 1976 est avant tout un produit opportuniste, souhaitant apporter une vision plus spectaculaire et "New Age" au film de 1933. Une envie de relooking qui fait du métrage un moment de pur esthétisation rétro, où les vêtements et coiffures semblent tout droit sortis d'une revue de mode.
Guillermin ne filme pas des personnages mais l'image de ces mêmes personnages, de même qu’il ne capte pas la magie inhérente à la création d'un nouveau mythe dans une période de crise sociale et historique (les années 30 pour l'original), mais la récupération du fantasme primaire derrière le film de monstre. Fantasme à double finalité dans l'original où la belle Ann trouvait avec Kong (passé le premier effroi), une manière de se libérer de sa condition sociale grâce à la réussite au cœur de la société du spectacle à l'américaine. Dans le film de 76, Ann apparait directement flottante dans l'eau dans une posture mystique, similaire à un ange tombé du ciel. Alors que le début du film plutôt réussi dans son ambiance laissait présager une refonte du mythe basée sur des préoccupations davantage politiques et écologiques, cette séquence mystérieuse dont les ramifications ne seront jamais pleinement développées par la suite, présente un point de vue totalement inverse. Ann est déjà unique et en dehors de la société et du monde normal tandis que sa relation avec Kong ne dépasse pas le stade de la compassion naïve.
Le personnage (insupportable par ailleurs) ne connait pas de réelle évolution et traverse le tout comme dans une attraction de fête foraine. Même le point de vue écologique bien que louable car relié à des événements historiques est bien trop appuyé et ancre encore davantage le film dans son époque, tandis que le métrage de 1933 résonne toujours à travers le temps et les générations = film monde plus que film de monstre.
Que reste-il alors ?
Un plaisir purement érotique et primaire, presque adolescent devant les décors en carton-pâte et la beauté innocente de Jessica Lange avant de découvrir la proposition cinéphilique parfois imparfaite de Jackson, mais renouant avec l’esprit d’artisanat et de magie au cœur de la création de la huitième merveille du monde et la première véritable du septième art.