King Kong, le roi de Skull Island, un véritable mythe inventé au début des années 30 par le cinéma Hollywoodien et repris ici par Peter Jackson, réalisateur de la trilogie culte Le Seigneur des anneaux... Qu'on soit pour ou contre les remakes, on ne peut pas louper un truc pareil ; non, non, c'est interdit !


Attention cette critique comporte quelques spoilers...


Cette troisième version de King Kong est de loin la plus longue, elle dure quand même plus de trois heures ; mais comme dans Le Seigneur des anneaux, Peter Jackson a su trouver un rythme idéal pour que l'on ne s'ennuie pas. Premièrement, le long-métrage est très bien découpé avec une première partie en ville et sur le bateau qui permet d'introduire tout les personnages importants, une seconde partie sur Skull Island qui d'une part nous montre l'équipage traverser l'enfer vert et parallèlement développe la relation entre Kong et Ann et enfin une dernière partie où on retourne à New York avec le gorille qui va semer la pagaille dans la ville avant de se faire abattre. Bon dans ce montage il n'y a rien de nouveau par rapport au tout premier film, mais je parle de "bon découpage" car même s'il aurait peut être fallu raccourcir une ou deux scènes de la première partie et conserver une ou deux scènes coupées de la seconde, d'une manière générale, les trois parties ont toutes une durée convenable, c'est à dire bien répartie au sein des trois heures de film. Mais le rythme, ce n'est pas seulement lié au montage, ça a aussi un lien avec l'intensité des scènes, et de ce point de vue, on est servie ! D'abord, dans ce remake nous retrouvons des scènes d'action spectaculaires et par conséquent très divertissantes. C'est vrai qu'il y a quand même certaines scènes d'action un peu invraisemblables comme le fait de dézinguer des cafards géants se trouvant sur son camarade alors qu'on ne sait pas manier une mitraillette ou le fait que la scène avec les diplodocus ai laissé autant de personnages indemnes, mais tout ça ne sont que des détails qui n'enlèvent pas le charme des moments d'action dont certains sont vraiment à couper le souffle (le top du top étant le combat entre Kong et les tyrannosaures et le combat avec les avions au sommet du World Trade Center). Toujours, pour ce qui est de l'intensité, ce long-métrage n'est pas seulement un blockbuster d'action comme dans le cas de Kong : Skull Island sortie douze ans plus tard, c'est aussi un film avec énormément de poésie ! En effet, on est dans une quasi réécriture de l'histoire de La Belle et la Bête tellement la relation entre King Kong et Ann est émouvante, c'est l'un des rares point où ce remake se rapproche plus de la version de 1976 que du film original de 1933, mais ça reste largement mieux exploité ici. D'ailleurs en parlant de La Belle et la Bête pour moi la dernière citation du film ("c'est la belle qui a tué la bête") peut s'analyser de deux manières : d'une part Ann a tué indirectement Kong car il est mort pour elle ; d'autre part "la belle a tué la bête" puisqu'Ann a fait ressortir en Kong autre chose qu'un animal monstrueux. Dans le film original il y avait la même citation sauf que la belle n'en avait rien à faire de la bête, donc il n'y avait pas vraiment de "romance". Quant à la fin du film, elle est vraiment dramatique car même si dans cette version Kong a un regard plutôt "méchant", il n'en demeure pas moins très attachant. En dehors des scènes d'action et d'émotion, on a également de petites moments d'humour assez efficaces et également quelques scènes sombres, notamment celles avec les indigènes en transe qui font carrément flipper ! Il faut préciser que la bande originale composée par James Newton Howard joue un rôle important dans cette intensité : la musique est épique lors dans des scènes d'action, douce lors des moments d'émotion, légère lors des quelques scènes d'humour et exotique et/ou inquiétante lors des scènes sombres. La musique est donc bien utilisée en plus d'être vraiment très bonne ! Le mixage de son est par ailleurs lui aussi réussi.


Ensuite pour les acteurs, Peter Jackson a encore une fois fait de bons choix. Après avoir joué le rôle de Gollum, Andy Serkis nous démontre une nouvelle fois qu'il est le roi des interprétations en motion capture ; Kong est en effet très expressif grâce l'investissement de l'acteur. Quant à Naomi Watts, elle est très attachante dans le personnage d'Ann Darrow ; elle hurle, elle pleure, elle rit, elle compatit, elle s'énerve, elle a peur... dans tout ce qu'elle fait faire à son protagoniste elle est convaincante, elle fait même mieux que Fay Wray et est au moins aussi crédible que Jessica Lange. Pour Adrien Brody, il y a certains rôles où je le trouve excellent et d'autres rôles où il me laisse de marbre (sans pour autant être mauvais), dans King Kong il m'a plutôt laissé de marbre et c'est assez dommage car son protagoniste est différent de celui du tout premier King Kong. Par contre Jack Black est super dans ce film, surtout pour un acteur qui a d'avantage l'habitude de jouer dans des comédies. Enfin c'est avec ce film que j'ai découvert Jamie Bell et je l'ai trouvé plutôt convainquant ; j'ai bien aimé aussi le personnage incarné par Kyle Chandler. En parlant des personnages, King Kong est peut être parfois légèrement cliché (par exemple l'acteur prétentieux, le jeune marin délinquant, le poète sensible qui se transforme en aventurier).


Visuellement, je dirais que d'une façon globale le film est plutôt impressionnant. Pour l'esthétique, la reconstitution de New York dans les années 30 est crédible et la conception de Skull Island ne manque pas d'imagination. Quant aux effets spéciaux, la plupart sont réussis et permettent de rendre les scènes d'action spectaculaires ; plus particulièrement, le gorille géant en motion capture est très bien foutu, il est hyper réaliste même encore aujourd'hui ! Cependant, il y a quant même un bémol : pour les effets spéciaux faisant office d'arrière plan, il y a parfois un manque de précision qui n'est pas un problème de photographie et qui fait que l'on se rend compte lorsque les paysages urbains et naturels sont en réalité des fonds verts. Et j'ajouterais que même si la plupart des créatures sont bien faites, la scène avec les diplodocus pourchassés par les raptors a un peu mal vieillie, surtout si on compare avec Jurassic Park qui est sorti en 1993. King Kong aurait été très impressionnant en 3D mais j'ai bien peur que ce format aurait encore plus fait ressortir ce genre d'imprécisions visuelles où l'on remarque les CGI. Il y a aussi une scène coupées aquatique qui apparaît dans la version longue, en elle-même elle est superbe mais les effets spéciaux en immersion ne rendent pas très bien à l'écran, c'est peut être pour ça que la scène a été coupée au montage final.


Ce King Kong de 2005 est donc une bonne version, avec quelques petits défauts certes, mais le résultat reste très satisfaisant, surtout pour un remake. Si King Kong de 1933 a laissé un héritage mythologique constituant une référence en terme de "films de monstres", cette version est quant à elle un modèle de parfait équilibre entre action et émotions dans un blockbuster.

MovieBuff

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