Le Roi Lézard contre le Roi des Kong.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, l'idée de cette troisième aventure de notre ami Gojira ne vient pas de la Toho mais de Willis O'Brien, le semi-dieux qui aura donné vie à King Kong. En effet, le magicien aux doigts de fée souhaitait faire revenir son monstre fétiche le temps d'un affrontement avec rien de moins que la créature de Frankenstein mais faute de capitaux, les producteurs démarchèrent la Toho qui accepta l'idée, à la condition toute fois de remplacer le monstre imaginé par Mary Shelley par... Gojira bien entendu. Une triste nouvelle pour Willis O'Brien qui décèdera peu après en novembre 1962.
Jetant aux oubliettes toute l'approche horrifique et cathartique du "Gojira" originel malgré le retour de Inoshiro Honda aux commandes, la production fait péter le scope et la couleur, tapant dorénavant dans le divertissement familial et populaire, aux couleurs criardes et à l'humour pas drôle. Autant dire qu'il n'y a pas grand chose à voir entre deux bastons homériques.
Heureusement pour nous autres cinéphiles légèrement dérangés de la caboche, le film de Honda assume pleinement son délire et sa stupidité et fonce tête baissé dans les abysses du nanar intersidéral, avec ce que cela comporte d'éléments complètements à la masse, en premier lieu un costume de Kong affreusement cheap et des figurants japonais grimés en indigènes aussi crédibles que Denise Richards en biochimiste dans "Le monde ne suffit pas".
Si ce troisième opus demeure atrocement long (on dépasse légèrement l'heure et demie réglementaire) et souffre d'un final bâclé se résumant à un combat de catch entre deux gros ahuris, il propose cependant quelques purs moments délirants et nanardesques, comme cet affrontement inoubliable entre un Kong de pacotille et une (véritable) pieuvre géante.