Ridley Scott évoque les Croisades avec comme toujours dans ses films, un enthousiasme et une énergie débordants. Cette fresque historique est revue par Hollywood mais brille par plusieurs aspects : la reconstitution est plutôt fidèle, les scènes de batailles ne sont pas si nombreuses mais sont de dimension épique, le scénario est intelligent même s'il est trop solennel, et le casting est de haute tenue, avec à sa tête Orlando Bloom qui s'en sort bien dans un film de cette ampleur, et que j'ai trouvé bien plus crédible que dans Troie, même s'il n'a pas tout à fait le charisme que son personnage exigeait, c'est peut-être pourquoi Ridley l'entoure de très bons acteurs comme Liam Neeson, Jeremy Irons, David Thewlis, Marton Csokas, Brendan Gleeson ou Edward Norton...
Il y a quand même un poil de déception, sans doute attisé par le fait qu'après Gladiator, le public s'attendait à ce que le réalisateur réédite son exploit, mais le plus intéressant, c'est que j'ai enfin vu la version longue de 3h14, et c'est comme avec le Seigneur des Anneaux, 50 minutes supplémentaires enrichissent clairement un scénario qui comportait quelques trous et donnent une meilleure fluidité au récit, des personnages gagnent en épaisseur tel celui de Sybille incarné par Eva Green. Ceci n'empêche pas cependant un côté un peu lourd et boursouflé, des ralentis pas toujours très heureux, des scènes de remplissage un peu inutiles, une certaine lenteur récurrente (certains diront que c'est contemplatif), et trop de longueurs qui appesantissent le film, on sent que Ridley est moins à l'aise dans les scènes parlées, la dose d'humanisme est sans doute trop présente, il est certes plus à l'aise avec les scènes d'action, à ce titre, le siège de Jerusalem est une réussite.
Cette version longue mieux étoffée prône l'esprit chevaleresque en délivrant un message dénonçant toute forme de fanatisme, c'est ce qu'il y a de positif à retenir de cette vision des Croisades, qui a l'efficacité d'une machine bien rodée, surtout quand un gars comme Ridley Scott est derrière la caméra, c'est juste que je n'arrive pas à définir facilement une impression qui parcourt tout le film, un peu comme le sentiment d'assister à un spectacle qui ne m'a pas entièrement passionné, c'est une sensation étrange, il y a des aspects qui me plaisent et d'autres un peu moins, et pourtant qu'est-ce que j'aime le Moyen Age !
Une superproduction un peu inégale et en demi-teinte mais sincère et riche.