Ils ont tout compris.
Fini les adaptations de jeu vidéo ne proposant qu'une version raccourcie et maladroite d'un jeu. Fini le spin off bourré de clins d'oeil faisant un gros fuck à la cohérence et la logique. Square Enix a tout compris, en proposant un film ayant pour but de donner envie d'acheter le jeu. Oh, le film n'est pas parfait, mais le 10/10 attribué souligne le fait que les trois points attendus par le film ont été maîtrisés à 100%, et que le format affiché aujourd'hui est une petite révolution dans le cross media.
Premier point, la réalisation en met plein la vue. C'est simple, c'est le plus beau film de synthèse jamais réalisé. Les effets de lumière sont à décrocher la mâchoire, entre jeux de lumières d'une ville absolument sublime (inspirée de Tokyo ?), et lever de soleil, Square Enix tape très, très fort. Les animations ne sont pas en reste, avec phases d'action totalement folles qui peuvent même parfois perdre un peu le spectateur (quand on parle de défauts).
Ensuite, le film est bon, même très bon. Plutôt que de proposer un film réservé aux fans en balançant 1000 clins d'oeil, Kingsglaive est rythmé comme un film américain (le film étant réalisé à 95% par des étrangers), c'est à dire avec des scènes d'actions bien placées (en intro et pour le final), et un gros passage de suspens, politique et trahison. Si le fil conducteur du titre est prévisible (comme beaucoup de films), il se laisse suivre et est intéressant, prenant le temps de développer chaque personnage principal ainsi que de poser le contexte conflictuel avec l'Empire. Le ton du film est d'ailleurs totalement sérieux, ne vous attendez pas à une certaine forme de légèrete, que ce soit dans le scénario ou sur les personnages. Pas de chichi, pas de voix mielleuse ou un peu niaise. Les protagonistes pètent la classe, font les sacrifices qu'ils doivent faire, et font les choix nécessaires sans rechigner, de sorte que chaque scène est réellement cohérente et attachante. Enfin, la bande son est absolument affolante et Square Enix ne s'est pas contenté du minimum, en affichant une track list digne des meilleurs Final Fantasy.
Enfin, il s'inscrit dans une logique marketing jamais aussi bien rodée, le film se situant avant le jeu Final Fantasy XV, et se coupant pile au bon endroit en donnant sacrément envie d'en savoir plus sans frustrer. Du coup, si le film est bon (et il l'est) et que vous voulez voir la suite, il faut acheter le jeu. De plus, le personnage principal du jeu (Noctis) est absent du film mais toujours cité, lui donnant une importance particulière. Commencer Final Fantasy XV avant ou après avoir vu le film aura un impact énorme sur l'appréciation de Noctis et du contexte politique au début du jeu. En clair, le film n'est presque pas "optionnel" et ce n'est pas un "spin off", mais un élément majeur du scénario et du background, et a une importance capitale.
De plus, si évidemment le marketing prend une place prépondérante dans le film (contrat avec Audi, grands acteurs pour la version US), Square Enix a prit sa part de risque. Plutôt que de lier les personnages du jeu et du film, ils ont choisit de mettre au centre des personnages qui ne seront visiblement pas dans le jeu final, de sorte que les deux morceaux du gâteau soient totalement différents. Chapeau.