Les Anglais de Matthew Vaughn avaient réussi l'impossible : renouveler le genre James Bond avec Kingsman : Services secrets.
Gadgets, base secrète, menaces contre l'humanité, poursuites improbables, méchant psychopathe étaient recyclés dans un univers déjanté, avec plus d'humour et peu de déférence respectueuse.
Mais cette suite de la franchise Kingsman essaie elle-même de renouveler la recette du premier opus en rajoutant de l'american spirit.
Gary « Eggsy » Unwin(Taron Egerton ), de l'agence Kingsman, se fait attaquer dans un taxi par Charlie Hesketh, un agent ennemi doté d'un bras mécanique doué d'intelligence artificielle, avant de plonger son véhicule dans une entrée secrète au fond d'un lac de Hyde Park. Cette séquence où les mouvements de caméra sont réglés au millimètre pourrait sans problème figurer dans un des meilleurs James Bond. On apprendra par la suite que Charlie Hesketh fait partie de la communauté du Cercle d'Or. A la tête de cette organisation secrète de trafiquants de drogue se trouve la cinglée Poppy Adams (Julianne Moore) qui est aussi spécialiste de la fabrication de hamburgers faits maison.
Pour retrouver Charlie Hesketh, Eggsy surnommé Galahad aura la délicate mission de poser un traceur sur les muqueuses de la compagne de l'agent ennemi(Poppy Delevingne) sans qu'elle s'en rende compte, pendant le festival de Glastonbury.
La touche américaine va ensuite se matérialiser sous la forme de l'organisation des Statesman, producteurs et consommateurs de whiskey dont les membres se nomment: Champagne, Tequila, Whiskey ou Ginger Ale. Ils sont unis par la lutte contre la concurrence déloyale du trust des producteurs de drogue représentés par Poppy Adams et se retrouvent alliés de circonstance avec les tailleurs de chez Kingsman.
A la suite de l'apparition des Statesman le film va se mettre en place à la one again et donne l'impression d'essayer de capitaliser à un rythme effréné sur le succès de Kingsman 1.
On pourra dès lors déplorer que le physique de Taron Egerton soit plus proche de celui d'Austin Powers que de celui de James Bond, que Colin Firth n'apporte rien au personnage amnésique d'Harry Hart, dit Galahad, le partenaire de Eggsy surnommé lui-même Galahad (humour anglais ?), que Halle Berry (Ginger Ale) soit là sans raison, si ce n'est pour préparer le Kingsman 3, que la Kingsman's girl Lancelot (Sophie Cookson ) disparaisse dès le début, pareil pour Arthur (Michael Gambon ) qui fait un passage fantomatique. Il ne reste donc donc du projet initial que le seul Merlin (Mark Strong) pour nous enchanter. Chez les Statesman Tequila (Channing Tatum) et Champagne (Jeff Bridges) font à peine plus que de la figuration. Il est à déplorer aussi les invraisemblances et les maladresses: le Président des Etats-Unis est une caricature de méchant anti-légalisation, la princesse suédoise Tilde est amoureuse d'un modeste tailleur, un agent secret est devenu obsédé par les papillons, sir Elton John, toujours debout, est recyclé en machine à dire Fuck, le gag des chiens-robots programmés est repris deux fois, le personnages le plus fort: Whiskey (Pedro Pascal) meurt à la fin. Toute cette accumulation un peu fouillis, un peu régressive semble la preuve d'une volonté de too much, de non-sens anglais et de singularité de Matthew Vaughn, mais elle n'est pas équilibrée par un scénario qui tiendrait vraiment la route.
Cependant l'action quasi ininterrompue, les décors soignés, le très bon début et Julianne Moore réussissent à hisser le film au rang de bon divertissement.