Mélanger n’importe quoi

Eggsy fait désormais partie des Kingsman. Un soir, il est attaqué par Charlie, un ancien candidat qu’il a affronté dans l’épisode précédent. Devenu un cyborg, Charlie appartient désormais à une organisation qui se révèle être extrêmement puissante et qui menace la planète entière.

Après le succès du premier épisode, Matthew Vaughn remet ça avec une suite bien plus sage. Alors que le premier épisode ciblait explicitement les milliardaires génocidaires, cet opus vente un baba-coolisme très, très mou. En effet, la morale de cette œuvre est ni plus ni moins que la tolérance de la consommation de drogue, pratiquée par l’ensemble de la planète d’après le film. Par ailleurs, le président sécuritaire est descendu en flammes en le dépeignant comme un psychopathe. Ce virage à 180 degrés est spectaculaire, mais laisse un vide certain.

Le scénario colle un peu plus à une histoire classique de James Bond. La méchante est très méchante, son lieutenant n’a pas de dents métalliques, mais un bras cybernétique, et les situations sont constamment épiques. Le gore, bien que toujours présent, est légèrement édulcoré. Par ailleurs, le casting est décimé avec le massacre des personnages habituels dès le début du film. C’est un choix. En revanche, la moraline, assénée subtilement à coups de destitution, nous explique combien la drogue, c’est normal, et qu’il ne faut pas en faire tout un drame.

Les acteurs s’en sortent diversement, sûrement parce que pas bien convaincus du genre d’œuvre à laquelle ils participent. Halle Berry est un peu nerveuse dans son rôle de futur agent de terrain. Mark Strong, qui est réellement le héros du film, est un poil paternaliste alors qu’il n’avait pas de lien privilégié avec Eggsy. Julianne Moore est toujours aussi douée, mais par contre, que vient faire Elton John ici ? Surtout pour jurer toutes les deux minutes, montrer que la drogue, c’est cool, et balancer des coups de pied sautés ? On n’a même pas droit à une de ses chansons en entier.

Kingsman : Le Cercle d’or ressemble à une pizza à l’ananas. Une pizza, c’est bon par définition. Mais trouver des fruits dedans surprend beaucoup et ne plaît pas forcément. Ce film, plus encore que le précédent, mélange des ingrédients incompatibles comme de la comédie, une morale subversive, du gore et le massacre en règle des personnages. À noter également l’absence totale de romance, la relation entre Eggsy et Tilde étant vraiment très fraîche.

Ce second volet ressemble à la fin d’une expérience cinématographique où Matthew Vaughn s’est essayé à la parodie d’agent secret (après celle des superhéros pour Kick-Ass). Le résultat est discutable et laissera des avis partagés. À voir par curiosité, ou si on aime les ananas.