La malédiction des suites est bien connue des amateurs de cinéma. Souvent imité, jamais égalé, le premier opus d’une saga ou d’une franchise reste, dans la plupart des cas, le plus estimé de tous. Kingsman ne devait pas faire exception, après un premier opus, Kingsman : Services secrets très surprenant, le second recevait d’emblée un accueil mitigé. Au point de revoir mon attente à la baisse, je ne nourrissais plus vraiment d’espoir de passer un aussi bon moment qu’il y a deux ans. Mais ma séance d’hier soir a une nouvelle fois été étonnante. Il va être difficile d’être très objectif, une fois n’est pas coutume, quitte à jouer l’avocat du diable. J’annonce, j’utiliserai beaucoup la première personne et chercherai surtout à exprimer mon ressenti sur ce film, à comprendre pourquoi certains ne l’ont pas aimé, et pourquoi je l’ai quand même aimé.
Suite d’un premier film à succès, casting long comme le bras, Kingsman : Le Cercle d’or a de quoi faire peur, mais pas vraiment dans le bon sens du terme. En effet, ce second opus a tout du film casse-gueule, aux promesses importantes mais au risque d’échec très élevé. Alors, forcément, il vaut mieux rester mesuré dans ses attentes. Kingsman : Le Cercle d’or débute sur les chapeaux de roue, avec une longue scène d’action qui nous immerge d’emblée dans le film et nous ramène aux bons souvenirs du premier film, ce qui est de bon augure et à l’image de la suite du film. Pour le reste, je ne vais pas spécialement m’attarder sur les différents éléments de l’intrigue, mais plus sur le positionnement de ce second opus par rapport au premier, et les qualités que je lui ai trouvées malgré de nombreux a priori.
Que l’on soit honnêtes, Kingsman : Le Cercle d’or n’est pas un chef d’oeuvre. Il a ses défauts, et il en a probablement plus que son grand frère. Toutefois, malgré ces défauts et mes a priori, j’ai passé une très bonne séance où jamais je n’ai décroché ni cherché à regarder l’heure. A l’instar de son prédécesseur, Le Cercle d’or est un concentré d’action survolté et déjanté, décalé et décomplexé, qui se prend au 2000ème degré. D’ailleurs, Matthew Vaughn n’hésite ici pas à jouer la carte de la surenchère, avec toujours plus de scènes spectaculaires, de gags et d’invraisemblances. Étrangement, là où Kingsman premier du nom était relativement adulte dans son ton et sa tournure, ce second opus semble étrangement osciller entre ce même ton adulte et une allure relativement enfantine, notamment à travers le comportement de la méchante principale du film. Kingsman : Le Cercle d’or use et abuse des clichés, il joue la carte de la coolitude à l’excès, ne lésine pas sur l’utilisation d’effets visuels… Tout cela pourrait s’assimiler à un gavage totalement déraisonné, ce qu’une partie du public a exprimé, et je peux le concevoir, mais pourtant, j’ai passé un bon moment devant ce film. Car, finalement, ces éléments font partie intégrante de ce qui a pu faire partie du charme du premier, et pour être honnête, j’étais bien content de retrouver cette ambiance.
Je me suis pas mal interrogé sur les raisons qui font que j’ai aimé ce film malgré ses défauts apparents et son infériorité (toute relative) vis-à-vis du premier film. Mais, finalement, je pense que cela ne peut pas vraiment s’expliquer. C’est avant tout une question de ressenti personnel, et de contexte. Le premier film a bénéficié de l’effet de surprise, ce qui a joué en sa faveur, contrairement au second qui était attendu avec davantage de méfiance, ce qui lui a valu davantage de retours négatifs. Et, justement, ceux-ci ont peut-être partiellement influencé les conditions dans lesquelles je me suis lancé dans le film. C’est un cas qui m’arrive sur ce film, mais qui peut arriver à n’importe qui sur n’importe quel film, car on ne peut jamais dissocier une expérience avec le contexte dans lequel elle s’est déroulée. Il faut aussi savoir ne pas bouder son plaisir, même si celui-ci est un brin coupable, et ne pas trop tomber dans le piège des a priori.
Aimer des films généralement adulés par la communauté cinéphile n’interdit pas d’aimer des films plus légers. J’ai autant pu aimer un Stalker, d’Andrei Tarkovski, ultra-étiré et très philosophique, que ce Kingsman : Le Cercle d’or, survolté, décomplexé et très divertissant. Ce sont deux films diamétralement opposés, mais que j’aime pour autant de raisons très différentes. Pour ma part, le pari est en grande partie réussi dans ce second opus, qui parvient à garder l’esprit du premier film tout en changeant naturellement certaines composantes. On regrettera, notamment, une morale assez faible, une intrigue lisible et quelques défauts de réalisation (notamment sur certains effets spéciaux en images de synthèse). Toutefois, ceux qui ont aimé le style du premier film devraient se retrouver dans ce second film. C’est donc, une fois n’est pas coutume, le cœur qui parle en premier ici, car j’estime que le film a su remplir une bonne partie de son contrat à mes yeux. L’idée principale à retenir est qu’il ne faut pas bouder son plaisir, et que quitte à aller voir du cinéma de divertissement, les Kingsman restent des valeurs sûres et de qualité en la matière.