Initialement prévu pour réaliser la suite de X-men Le commencement, Matthew Vaughn décida de laisser la place libre à Bryan Singer pour son Days Of Futur Past, et se lança ainsi dans un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Pour réaliser ce film d’espionnage moderne, Vaughn fait appel à un célèbre scénariste de comics, j’ai nommé Mark Millar à qui l’on doit le travail sur Kick-Ass et Superman Red Son entre autre. Kingsman avait tout pour plaire et se devait de plaire, c’est globalement réussi au vu du rendu global mais pas pour tout le monde..
En effet, Kingsman est bourré de défauts que ce soit technique ou artistique, en globalité c’est assez incompréhensible quand on voit le casting total. Avec la grande réussite que fut Kick Ass mélangeant violence et humour avec juste ce qu’il fallait sans ne jamais être très audacieux, Vaughn réussissait son pari d’adaptation mais ici avec Kingsman, l’effet escompté ne fonctionne jamais. Malgré un humour présent et parfois efficace le mélange qu’avait Kick Ass est dosé de manière bien trop maladroite. Certaines scènes en deviennent ridicule due à leur construction d’un esprit too much. Le principal problème c’est d’essayer d’intégrer un univers américain dans une ambiance british. Là où par exemple Edgar Whrigt le fait à merveille en restant toujours dans ce ton si particulier et propre à lui-même, Vaughn vient mélanger les deux en créant ainsi quelques scènes brouillonnes et sans réel intérêt.
Justement dans ce manque de cohésion on retrouve un univers très peu travaillé et beaucoup trop inspiré de James Bond, alors vouloir jouer énormément la carte de l’hommage en diffusant de multiples références est une bonne idée mais pas à ce point avec ce genre de scénario. Le film passe pour un James Bond pour adolescent avec ces traitements sociaux pathétiques, il manque constamment cette qualité d’écriture que Ian Flemming savait intégrer à ces 007.
En prenant un jeune ado de banlieue, la caricature se ressent encore plus dans son traitement désastreux, déjà que l’acteur Taron Egerton ne parvient jamais à convaincre mais lui rajouter une esthétique et un langage grotesque vient détruire le peu de charisme qu’il lui aurait été nécessaire. Si ce n’était qu’un des points du scénario qui ne fonctionnent pas, mais ce n’est pas le cas, loin de là. Les grandes lignes de l’intrigue sont superficielles tant les scènes sont prévisibles et clichées. Alors certes certains y voient une jouissivité déconcertante dans la violence comme sait le faire avec brio Tarantino, mais ici je ne vois qu’une agressivité injustifiable tant le fond est mal intégré à la forme. La violence fait partie des traitements cinématographiques les plus difficiles à traiter et surtout quand elle est utilisée de façon ironique.
C’est dommage, on sent bien que la volonté de bien faire est constamment présente mais rien n’y fait les multiples erreurs à rallonge vient détruire les quelques scènes audacieuses et intelligentes que Kingsman délivre.
En ce qui concerne l’aspect artistique, bien que les décors et l’aspect visuel des personnages soit travaillés, le long-métrage ne ressort jamais avec une véritable personnalité, sans parler de la direction d’acteurs parfois bien trop légère. Malgré une performance correcte de la part de Colin Firth, seul Mark Strong s’en sort véritablement en interprétant un rôle qui lui correspond parfaitement. On en vient à se demander si n’on n’est pas plutôt face à un teennage movie plutôt qu’à un véritable hommage aux films d’espions de l’époque.
L’aspect technique n’est pas vraiment mis en avant non plus, attribué d’une photographie académique et soignée, l’aspect numérique vient gâcher tout le travail réalisé par le directeur de la photographie. C’est inconcevable de voir de pareils effets spéciaux à une époque où même les films indépendants arrivent à sortir des techniques bien plus propres. L’intégralité des fonds verts est visible et ce n’est rien comparé à la montagne d’effets de synthèses réalisés lors des scènes d’actions par des sous-traitances.
En voulant rendre son œuvre dynamique, Vaughn prit parti pour un montage rapide dans les tons de son inspiration de toujours le génial Guy Ritchie, mais là ou Ritchie manie méticuleusement les images Vaughn n’en laisse paraitre qu’une façon académique essayant de reproduire les efforts de son idole. Il n’y laisse paraitre qu’un sous Ritchie dans tout son travail.
Le film n’est pas atroce pour autant, il est composé de scènes intéressantes et d’idées originales, en allant même jusqu’à des scènes d’actions digne d’intérêt mais rien n’y fait, les multiples défauts rattrapent toujours le peu de qualité que concède le long métrage.
En reste une bande sonore très convaincante par ses multiples thèmes symphoniques inspirés, sa maitrise du mixage/montage sonore, et le véritable hommage à James Bond par des bruitages ou mêmes des thèmes similaires, une véritable réussite de ce côté.
En conclusion, Kingsman est une grande déception par son scénario prévisible, sa technique irrégulière et son audace maladroite, tout n’est pas à jeter loin de là mais sa conformité vient taire le peu de qualités qu’on pouvait lui accorder.