Kingsman se veut un hommage volontairement et positivement décérébré aux films d'espionnages estampillés James Bond & co, avec une grosse dose de n'importe quoi rigoureusement calibré niveau baston, comme Matthew Vaughn sait nous le servir depuis Kick-Ass. Ça démarre à cent à l'heure, ça reste à cent à l'heure en virages serrés le plus souvent, avec quelques lignes droites pour souffler de temps en temps. Grosse friandise piquante et acidulée au pourtour, sucrée moelleux en son cœur, Kingsman ravira les amateurs du genre, et tant pis pour les caries.
Kingsman s'expose malgré tout facilement à la critique. C'est tellement un hommage / emprunt / clin d’œil / pillage assumé que, expurgé de toutes ses références, Kingsman n'a aucun intérêt. L'histoire ne surprend jamais malgré sa loufoquerie, ses personnages hauts en couleurs - comme surgis d'un Tarantino (Colin Firth aux dialogues mitonnées, impérial dans son rôle) ou d'un Rodriguez (Sofia Boutella aka la fille amputée la plus badass depuis Planet terrror) - n'ont intrinsèquement aucune aspérité à laquelle se raccrocher émotionnellement en tant que spectateur, etc.
Kingsman a parfaitement conscience de cette faiblesse et plutôt que de la cacher sous le tapis, en joue sans mettre des gants. Les nombreux dialogues où ses personnages discutent d'archétypes de films pour nourrir l'intrigue sont là pour en témoigner. Matthew Vaughn dissèque en temps réel son oeuvre, fait du "meta about meta". On atteint là les limites de l'exercice. Peut être serait-il temps que, à l'image du héros de Kingsman, on se voie tous My Fair Lady pour bien comprendre toutes les subtilités de Kingsman.
Hormis ces considérations, c'est du tout bon, pas la peine de se priver.