"Kick Ass, Man" ou "This IS a classical movie."

Kingsman est un bon film. D'un point de vue réalisation tout d'abord. On sent que Vaughn a enfin découvert SA pâte, qui bien sur se sert de techniques classiques depuis Matrix, mais en apportant sa touche personnelle, ce côté "plan séquence dont je gère la vitesse de défilement comme je veux".

Ensuite d'un point de vue direction d'acteurs. Et je parle ici clairement de direction, et pas de la qualité intrinsèque des acteurs. Parce que, que ce soit le fait de réussir à contrebalancer le cabotinage à la limite de l'insupportable de nos jours, de Samuel L. Jackson, en lui demandant de zozoter bêtement, ou en choisissant Colin Firth pour jouer un rôle fondamentalement très proche de ce à quoi il peut être habitué, si ce n'était pour son côté beaucoup plus physique, tout en lui demandant de jouer comme à son habitude pendant qu'il casse du méchant, on sent que Vaughn a su pour le moins composer avec son casting en fonction du scénar.

Et puisque on vient d'aborder les deux points principalement positifs du film, de façon quelque peu survolée, on va maintenant s'attarder sur ce qui marche et ne marche pas d'un point de vue "scénaristico-réalisationnel".

En fait le film ne sait pas totalement sur quel pied danser. Si cela n'a aucune commune mesure avec le fiasco qu'est "The Interview" par exemple, il n'en reste pas moins que l'on sent une certaine hésitation dans le propos. Essentiellement par rapport à l'entrainement des agents, qui tente de contrebalancer constamment son côté atroce, mais en ayant quelque peu pour effet de le désamorcer complètement du coup.

De même, le film étant clairement un hommage parodique à un genre précis, il se sent obligé d'en respecter les codes, tout en assénant à multiples reprises que ce n'est pas le cas. Si l'effet comique ne fait que s'en retrouver encore augmenté, cela oblige le film à une certaine prévisibilité, somme toute relative, mais surtout un grave manque d'enjeux scénaristiques.

Ceci se retrouve illustré par deux points essentiels. Tout d'abord, le fait d'adopter le récit classique du jeune héro éduqué par un mentor

et tout ça pendant qu'un grand méchant prépare un coup d'échelle internationale. Ensuite, le fait que bien qu'on sente une réelle volonté de donner une réelle personnalité et histoire aux personnages, leurs motivations propres, et notamment celles du héro, ne sont jamais clairement définies, à tel point qu'en ce qui concerne ce dernier, la résolution de son conflit "instigateur" n'a lieu que dans la scène "post-générique".

Du coup, si le film reste en soit très bon techniquement, fun et agréable, plein de bons moments, et sachant ne pas abuser des punchlines et autres clins-d'oeils de genre, on ne peut s'empêcher d'avoir le sentiment que tout ceci reste bien vain, d'autant que quelques incohérences scénaristiques viennent encore plus troubler le propos de l'ensemble.