D'aucuns ne jurent que par le flegme britannique de James Bond et s'émerveillent des prouesses d'un agent secret dont les aventures contemporaines, en sus d'apparitions rarissimes, sont plutôt navrantes. Outre des exploits aussi abracadabrants - quoique moins drôles - que ceux de ses prédécesseurs, 007 côtoie de nos jours des girls qui ne sont rien d'autre que des (putains de) potiches (sérieusement, je pense que Daniela Bianchi était infiniment moins une figurante que Gemma Arterton, par exemple), et se trouve mêlé à des aventures si rocambolesques (le Chiffre et sa corde à noeuds, le Quantum of Solace au fond du désert mexicain...) que l'on finirait par se demander si les bons vieux complots du S.P.E.C.T.R.E. - ou le S.M.E.R.S.H. pour les bâtards de joueurs passionnés du Trivial Pursuit qui refusaient de reconnaître cette erreur impardonnable du concepteur américain de cette argutie de plateau - n'étaient pas plus réalistes (pour mémoire, confrontation Cold War par Blofeld interposé dans You Only Live Twice sur une base scénaristique de Roald Dahl). Le bon vieux temps du dur à cuire aux couilles d'acier est fini; aujourd'hui le geek lubrique à lunettes amateur de ecchi, version pantsu, spécialiste non d'algorithmique mais de bureautique - i.e, de dactylographie via un clavier informatique - est le héros de tout bon navet qui se respecte.
D'autres, allergiques à la culture de la Perfide Albion et à sa cuisine qui, quoiqu'on en dise, demeure extrêmement dégueulasse (Gordon Ramsay n'est pas Anglais mais Ecossais), favorisent les parodies à la Austin Powers. Les concernant je suis partagé; autant certaines séquences et certains plans du roi du mojo sont hilarants (la scène des toilettes dans le premier opus), autant l'humour à dominante américaine est souvent parfaitement à chier - voire à vomir.
Kingsman: Services Secrets constitue une tentative désespérée et vouée à l'échec de fusionner ces univers contradictoires. Autant vous dire que le résultat est à la hauteur de la rencontre d'un proton et de l'anti-particule associée, l'anti-proton: explosif, mais dans la mauvaise acception du terme. Ne sauvent du désastre absolu, dans l'ordre, que l'interprétation décalée et pas du tout prise de tête d'un Samuel L. Jackson revigoré, la musique de KC & The Sunshine Band durant le climax de fin, l'arrière-train de Hanna Alström, la face de chacal de Mark Hamill (...).
Cependant, aussi extraordinaire que cela puisse paraître, il me semble que ce gentil navet est à ce jour le meilleur long-métrage sorti en salles en cinéma en 2015.
Après un cru 2014 déjà lamentable, il semble que cette année soit également vouée aux gémonies...