Frénésie flegmatique

Il semblerait qu'adapter des comics scénarisés par Mark Millar sied merveilleusement bien à Matthew Vaughn, celui-ci s'illustrant de nouveau après le fort réussi Kick-Ass ; non content de s'être essayé par la suite (avec succès) aux immanquables X-Men, le britannique frappe un grand coup au gré de sa version cinématographique de Kingsman, ou l'une des meilleures révélations de ce début d'année.

La force première de ce long-métrage est indéniablement de compiler les genres en un melting-pot hautement divertissant, ce dernier navigant avec un réel brio entre des attaches traditionnelles (film d'espionnage) et des tonalités aussi bien humoristiques (surtout) que dramatiques (dans une moindre mesure)...

Car au détour d'une introduction sympathique mais pas folichonne, Kingsman nous embarque pour de bon au sein d'une intrigue à la fois délirante et intelligente, celle-ci arborant bien des facettes en l'espèce : il subsiste en effet une teneur parodique savoureuse, ici exploitée avec une certaine finesse tant elle fait mouche (c'en est presque élégant), tandis que le film ne manque pas d'enrober le tout d'une trame efficace, alliant une dose d'originalité appréciable à des ressorts scénaristiques classiques... mais bel et bien percutants.

En bref, il s'opère au sein de ce palpitant Kingsman une alchimie exquise, le long-métrage faisant mine de ne pas se prendre au sérieux pour finalement nous maintenir en haleine de bout en long, tout en nous renversant avec la manière ; son univers en tant que tel est intéressant de prime abord, et bien que le concept d'organisation d'espionnage n'apporte rien de neuf Kingsman se démarque pour le mieux de ses concurrents historiques, ceci au gré d'un rythme trépidant, d'un penchant comique hilarant et enfin de personnages marquants comme pas deux.

Ce semblant de transposition de table ronde sonne classe en premier lieu, c'est un fait, mais même pris un à un les divers protagonistes y vont de leur petit effet, ceci logiquement couplé aux bienfaits d'un casting irréprochable (Colin Firth, Mark Strong, Michael Caine), tandis que le "rookie" Taron Egerton s'en tire plutôt bien.

Mais, à l'image du modèle bondien, un bon film de service secret se doit d'offrir un antagoniste à la hauteur de son propos, et que dire si ce n'est que Kingsman place ici la barre très haut : le ridiculement diabolique Richmond Valentine / Samuel L. Jackson est en ce sens une figure très efficace, ceci de par une contribution non négligeable à un humour ambiant ayant déjà fait ses preuves, et d'autre part fort d'une envergure scénaristique prenante, car aussi bien "méchante" que drôlement réfléchie.

Enfin, pour couronner le tout, Vaughn et son équipe auront doté ce réjouissant Kingsman d'une forme tout aussi réussie, ceci au travers d'un mise en scène ne payant pas de mine mais enchaînant quelques coups d'éclats frénétiques (l'église), en plus d'une BO dans la droite lignée de son ambiance captivante à souhait, entre légèreté rafraîchissante et suspense efficient...

Certains trouveront sûrement à y redire, mais pour ma part ce Kingsman m'aura ni plus ni moins enchanté, Vaughn parvenant à concilier une envergure parodique palpable à un hommage pour le moins agile aux plus fameux films d'espionnage, le tout en nous divertissant sans fausse note !