Même si on a le droit de trouver certains plans fixes - très très longs - à la limite de l'ennui, il est incontestable que "Kippour" est une grand pas en avant vers une description vraie de la guerre, sans spectaculaire ni pathos. A la fois témoignage intime et tableau effroyable d'une réalité universelle, "Kippour" tranche des films "habituels" par son dispositif abstrait, qui permet à Gitaï de donner à penser le malaise d'une situation de perdition avec l'acuité d'un vrai documentariste, et le pouvoir d'évocation visuelle d'un grand cinéaste : tout ici est cruel, morne et rapidement insoutenable.
[Critique écrite en 2000]