American Psycho
Knight of Cups raconte l’histoire d’un prince qui part à la recherche d’une perle. Malheureusement, sa jeune couronne vacille, son esprit se fissure et son identité disparait. C’est la dépression...
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le 26 nov. 2015
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De film en film, avec une accélération depuis Tree of Life, Malick se déleste peu à peu de toute tentative d’intrigue, de ressort, mettant de côté la narration classique pour s’engouffrer dans un système narratif beaucoup plus sensoriel et intime, bâti sur un montage kaléidoscopique, fait de fragments, de souvenirs, de pensées, et d’un brassage de plus en plus complexe de matière visuelle et sonore.
Ce système arrive à son apogée avec Knight of Cups, peut être le film le plus radical et expérimental du cinéaste. Ici il filme l’errance d’un homme, Christian Bale, un célèbre scénariste hollywoodien qui déambule son corps triste de fête en fête, de femme en femme, perdu dans un Los Angeles doré opulent prenant sous ses yeux la forme d’un désert aride.
Ce zombie est pris dans le mouvement perpétuel et tourbillonnant de la mise en scène. Il erre, à pied, en voiture, sur des plages, dans des villas, des boites, dans un LA désincarné évoquant, encore et toujours, l’univers de Bret Easton Ellis. Sauf qu’ici l’alcool, la drogue et le cul ne sont pas à l’écran malgré une ivresse, une excitation, un érotisme et un désir constants.
Il y a malgré tout quelques pistes narratives, qui sont des motifs récurrents chez le cinéaste : L’extatisme de la première rencontre amoureuse, les premiers désirs, qui sont mis en opposition avec l’apparition du ver dans la pomme. Cette désillusion amoureuse est à chaque fois à peine effleurée mais témoigne du désœuvrement progressif de cet homme. Construisant alors un cercle sans fin et monotone de rencontres sans lendemain.
L’autre piste c’est le trauma familial, et le fantôme de la perte qui conduit à l’implosion de la cellule. Comme dans Tree of Life, le personnage a perdu un frère, et doit composer un rôle de médiateur entre son autre frère et son père.
Enfin il y a l’omniprésence du religieux, du mysticisme, toujours prégnants. Je ne peux m’empêcher de penser que ce motif visuel désormais ancré dans l’esthétique Malickienne, ce fameux rayon de soleil qui ébloui et transperce la plupart des plans, n’est autre que la présence divine, la lumière divine, qui paraît tout à la fois guider et écraser les personnages, ou, tout du moins, pour rappeler sans cesse sa présence. En tout cas ici la place du religieux ne mène pas à une réconciliation, une réparation, elle ne montre pas le chemin au personnage, malgré le discours carré et facile d’un prêtre.
Le film n’est pas tout à fait à l’image de ce que sa construction montre. Le découpage est en effet très chaotique au début, très heurté, agressif, percé de fulgurances, jouant avec les régimes d’images, avant de retrouver peu à peu une sérénité et une beauté plus évidente qui n’est pour autant pas tellement la résultante d’une amélioration dans le comportement et la psychologie du personnage. Mais qui pourrait quand même souligner un apaisement temporaire et une ouverture partielle à la beauté de ce qui l’entoure.
Au fond on pourrait se passer d’analyser tout ça, car toute la magie et la puissance chamanique de Malick, est de nous entraîner dans ce poème virevoltant et gracieux à la fois morbide et lumineux.
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le 26 nov. 2015
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