Le fond en dépit de la forme

Lorsque Louis Jouvet joue dans une comédie, celle-ci se révèle bien souvent grinçante. C'est le cas de Knock puisque le film est l'adaptation fidèle au mot près de la pièce de théâtre de Jules Romain qui présentait une vision assez sombre de la médecine moderne. Et Jouvet de s'assurer que l'esprit soit bien conservé dans le film puisqu'il s'agit de son rôle de prédilection. Depuis 1923, il endossera le manteau noir du docteur près de 1500 fois sur les planches et deux fois au cinéma (dans cette version et une autre de 1933).

Sur le fond donc, nous avons une évolution intéressante du personnage puisque celle-ci repose sur l'emprise qu'il exerce au fil des séquences sur les villageois. Le film débute comme une comédie classique avec une première confrontation de points de vue, du comique de situation et de gestuelle, avec des répliques cinglantes que Jouvet parvient à rendre encore plus acide et une pléiade de personnages à la dégaine atypique.
Et ça vire pratiquement, dans le dernier segment du film, a l'épouvante. Ce basculement de ton étant souligné par une mise en scène qui se réveille enfin.

En effet, le film pêche par sa forme. La réalisation de Guy Lefranc est terriblement austère et ce dernier peine à s'affranchir du matériau original (théâtral) pour en faire un objet pleinement cinématographique. Le jeu est ampoulé et caricatural chez une bonne moitié des personnages, le film est mal rythmé à cause d'une construction en actes rigide et un respect des répliques de la pièce bridant les comédiens.

À voir donc, pour l'un des dernier rôles de Jouvet, pour apprécier sa critique de la médecine, pour son final déroutant et pour apercevoir l'une des première apparitions de Louis de Funès ! Mais c'est au prix de séquences peu dynamiques et parfois très longues.