Bonne surprise que ces Bonnes Manières avec ses deux actrices principales, son image léchée et son scénario simple mais intelligemment écrit et rudement efficace. Je ne parlerai pas de l'histoire car ce film est encore plus plaisant lorsqu'on ne sait pratiquement rien de lui. Le film se divise en deux grandes parties qui sont autant de films tant elles sont différentes.
Le premier film est d'épouvante et repose sur un crescendo de suspens et de tensions baigné dans un climat de plus en plus anxiogène, sur fond de somnambulisme, jusqu'à une séquence assez traumatisante et touchante ouvrant le second film.
Plus classique, cette partie change complètement d'ambiance. Plus lumineuse et joyeuse, la famille et la gestion de la différence deviennent les thèmes principaux, sans trop révéler l'intrigue. Si la première se passait majoritairement de nuit, celle-ci se déroule surtout en plein jour. Cette légèreté de ton ne dure cependant pas et la tension revient au galop dans les dernières séquences.
Le mélange de ton que je viens d'évoquer permet au film de sortir d'un carcan unique dans lequel il aurait été facile de tomber. Il permet, via tout un jeu de contrastes d'image ou de rythme, d'alterner plus ou moins subtilement différentes émotions et de rendre les protagonistes attachants. La mise en scène est assez sobre, cette retenue permet de souligner quelques fulgurances artistiques comme un flash-back animé ou une séquence de somnambulisme éclairée par les lampadaires de la ville.
L'horreur et le gore sont bien dosés et sont mis au second plan. La volonté primaire des réalisateurs n'est pas de nous faire peur, ils privilégient le mystère et l'émotion. Si le film n'évite pas quelques longueurs et quelques simplicité scénaristiques, il s'en dégage une sincérité dans ce qu'il veut raconter et dans les sensations qu'il cherche à procurer.
Je recommande fortement.