Les critiques cinéphiles, qu’ils soient professionnels ou non, aiment à traiter des films en multipliant les références. Pour Les bonnes manières, film brésilien signé à 4 mains par Juliana Rojas et Marco Dutra, ce ne sera guère difficile : de Grave à Rosemary’s Baby en passant par Le loup-garou de Londres et Alien (pour une scène particulière, très spectaculaire) et même à Aquarius pour son côté social. Le film n’est pourtant pas aussi hybride que cela, quand bien même il est divisé en deux parties très distinctes permettant à son actrice principale d’évoluer sur un registre varié. Dans un Sao Paulo magnifiquement filmé et en grande partie fantasmé, ville divisée en deux, elle aussi, entre quartiers chics et populaires, le film dessine un portrait de femme touchée par l’amour puis métamorphosée par son rôle de mère. Il est difficile de dévoiler totalement l’intrigue (la bande-annonce, intelligemment, ne le fait pas et ne montre aucune image choc) car c’est de la surprise que viennent les frissons que procurent Les bonnes manières. Disons juste que sur une trame assez classique vient se greffer une histoire qui mêle maternité et lycanthropie (c’est déjà trop en dire). Quand la lune est pleine, les nuits paulistes peuvent être très effrayantes… Les coréalisateurs du film parlent d’un « conte de fée » : soit, mais moderne, carnivore et horrifique alors (avec de gros morceaux de tendresse à l’intérieur). On ne sait si les amateurs du genre y trouveront leur compte et de même pour ceux qui apprécient en priorité les films d’auteur. C’est à la confluence des deux que se trouvent Les bonnes manières et c’est une belle réussite, singulière et tranchante.