Une santé de fer

Dans l'inconscient collectif français, Knock c'est Jouvet, et personne d'autre : après avoir incarné des centaines de fois le personnage de Jules Romains sur une scène de théâtre, le comédien reprendra le rôle au cinéma à deux reprises. Une première fois en 1933, puis dans cette version réalisée par Guy Lefranc en 1951, peu de temps avant la mort de Jouvet.

Autant dire que ce dernier maîtrise le rôle à la virgule près, dans ses moindres mimiques.
Lefranc choisit d'ailleurs de se montrer entièrement fidèle au texte de Jules Romains, ce qui n'est pas en soi une mauvaise idée, tant les dialogues recèlent de drôlerie et de pertinence, mais ce qui freine le rythme général, en particulier lors de certaines scènes visuelles, où les longs silences finissent par se faire pesants.

"Knock" n'en reste pas moins une comédie très réussie, au propos toujours d'actualité en ces temps d'obsession sanitaire, et à la dynamique narrative efficace, dès le prologue drôle et percutant avec son prédécesseur Parpalaid.
Par la suite, la façon dont Knock fait main basse sur le village de Saint-Maurice apparaît jubilatoire, avant un dernier acte qui enfonce le clou, où l'on découvre que le bonhomme n'est pas seulement un charlatan cupide, mais avant tout un fanatique obsessionnel dévoué à sa vision très personnelle de la médecine.

On passe donc un très bon moment de théâtre filmé en compagnie de Louis Jouvet et d'une sacrée galerie de seconds rôles (Jean Brochard, Jean Carmet, Pierre Bertin, Marguerite Pierry...), en regrettant simplement que la pièce soit basée sur un argument narratif assez mince et linéaire - Knock ne rencontrant jamais la moindre opposition dans le village, ce qui eût été pourtant intéressant...