16 millions d’entrées. C’est l’incroyable score réalisé par Extreme Job, deuxième plus grand succès de l’histoire au box-office sud-coréen. La perspective de découvrir une nouvelle comédie policière coréenne annonce plein de belles promesses, et me ramène aussi à ma première rencontre avec le cinéma coréen, avec Hard Day, il y a bientôt cinq ans.
Nous rencontrons cette équipe de la brigade anti-drogue, alors en pleine intervention. Mais, plutôt que de voir tout se dérouler conformément à leurs plans, les policiers sont victimes des circonstances, pour sans cesse passer pour des amateurs. La fine équipe ne manque pourtant pas de cœur, mais elle est désorganisée et n’en fait qu’à sa tête. Et l’acquisition d’un restaurant spécialisé dans le poulet frit, qui leur servait jusqu’ici de base de surveillance, va les transformer en restaurateurs malgré eux.
Les situations, souvent grotesques et sujettes à quiproquos, s’enchaînent tout au long d’Extreme Job, jamais avare en humour et en blagues qui font mouche. Ce petit groupe de losers magnifique permet d’ailleurs au film de multiplier les ressorts comiques et de les varier en fonction du caractère de chacun d’entre eux. Et s’ils sont souvent ridicules, c’est avant tout à cause des « aléas du direct », de circonstances défavorables, qui les font souvent échouer tout près du but. Cette énergie que dégage le film est communicative, et force est de constater que l’humour est toujours bien dosé, évitant le fameux piège de la blague de trop.
Le cheminement pris par Extreme Job, à l’issue du premier tiers du film, est autant une curiosité qu’un défaut. En effet, lorsque l’équipe prend la tête du restaurant, nous sommes invités à suivre une longue parenthèse où la mission originale est reléguée au second plan, pour mieux montrer le succès de ces restaurateurs improvisés, notamment obtenu grâce à la recette magique élaborée par l’un d’entre eux. On pourrait voir, dans cet arc, où l’équipe trouve un nouveau but et, enfin, la reconnaissance tant désirée, l’image de la reconversion, le fait d’avoir trouvé sa vocation et de s’y dévouer corps et âme, alors qu’ils occupaient jusqu’ici un poste reconnu sur le plan social. Toutefois, cela a aussi tendance à éparpiller le récit, à faire perdre le fil au spectateur, comme si l’on avait voulu à tout prix traiter la mission et la « reconversion », quitte à créer un déséquilibre. Alors, finalement, la mission finit par prendre le pas, mais on se demande si l’arc du restaurant ne pouvait être quelque peu raccourci.
Cependant, malgré cette petite digression, force est de constater que l’on passe un bon moment devant Extreme Job. L’humour est efficace, les situations bien construites et les blagues bien senties. C’est souvent idiot, dans le bon sens du terme, mais on l’accepte, et on se prend volontiers au jeu. On y retrouve un ton assez spécifique des comédies coréennes, qui se différencie des comédies françaises, ce qui explique, probablement, ce carton en Corée et cette absence d’exploitation en salles chez nous. Pourtant, il aurait été intéressant de voir sa réception dans nos salles, qui aurait pu être positive (même si les 26 000 petites entrées réalisées par Hard Day en 2015 peuvent faire penser le contraire). Dans tous les cas, malgré ses défauts, Extreme Job offre un moment de franche rigolade.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art