J'ai aimé la scène de fin avec Keyser Söze
Koyaanisqatsi doit démontrer en quoi l’homme s’est laissé entraîner dans une fuite en avant technologique le coupant des liens « naturels » qu’il entretenait avec la Terre. On peut difficilement donner à un film un sens, une « morale » plus cucue, plus faible, plus clichée, plus déjà-vu et j’aimerais aller plus loin encore dans la vulgarité. Koyaanisqatsi est déjà et avant tout une réussite sur ce plan : le film ne tombe pas dans la niaiserie d’un discours naïf sur l’harmonie d’un monde naturel fantasmé et sur la violence des machines et des hommes.
La nature montrée dans Koyaanisqatsi est un désert aride, rocheux, dénué de plantes. Les cours d’eau ont l’air malsain, quelques petits marsupiaux viennent troubler des espaces inhospitaliers. Il n’y a pas le fantasme habituel d’une harmonie imaginaire entre l’homme et la nature : le film nous montre sans concessions une nature hostile. Cette première demi-heure, peut être la moins bonne du film, a en tous cas le mérite d’être franche dans sa présentation.
Les autres séquences (« The grid », « Pruit Igoe », etc.) tournent autour des thématiques de la frénésie de l’homme à exploiter, industrialiser, classer, vivre dans ce qui nous est présenté avec beaucoup de beauté comme de grandes ruches de béton. Ce sont des thèmes déjà vus certes mais jamais avec de telles images. La séquence « The grid » entre autre, avec ses prises de vue accélérées de rues newyorkaises, de sorties d’usines, de périphériques et d’autoroutes reste indubitablement la plus spectaculaire : un orgasme pour les yeux, les doigts crispés dans le fauteuil de bonheur. Quant aux dernières images du film, la séquence « Koyaanisqtasi » en tant que telle, est parfaite, elle est le moment de ralenti que l’on attend durant 1h30 et quel choc !
Normalement, je devrais faire un paragraphe sur la magnifique, l’incroyable, la magique musique de Philip Glass mais d’autres en parlent beaucoup mieux que moi. En deux mots, la musique minimaliste de Philip Glass sur laquelle est chantée la prophétie hopi est composée de très entêtantes mélodies rappelant la solennité des chants religieux (des influences d’Arvo Part ?). Encore aujourd’hui, je frissonne en écoutant les cinq premières minutes du film et l’impressionnant « Koyaanisqatsi ».
Koyaanisqatsi est un film spectaculaire, époustouflant. Bien que la lecture donnée à la fin du film (la traduction des prophéties hopies) me paraisse un peu simpliste, c’est une œuvre qui explore avec une certaine justesse la vision qu’a l’homme de lui-même, comment il vit ce qu’il a bâti. Une œuvre magistrale dont les thématiques peuvent être ressorties dans deux mille ans sans avoir pris trop de poussière.
Je m’excuse pour cette critique trop rapidement rédigée, beaucoup trop concise et mal écrite, je sentais le besoin de justifier mon 10 (un 10 à nuancer toutefois, le film n'est pas parfait, je dirais plutôt un 9,5).