Ni documentaire, ni film musical, mais les deux tout à la fois. Pas une fiction dans tous les cas... Mais le premier film de Godfrey Reggio reste un claque phénoménale. Sur la forme, il invente un genre à lui seul, dans lequel seuls ses descendants Powaqqatsi et Naqoyqatsi se seront engouffrés, sans réussir toutefois à renouveler ce niveau de perfection.
La musique de Philip Glass joue beaucoup. Elle fonctionne parfaitement avec les images, et compte parmi ses meilleures partitions. Preuve en est, les morceaux de Koyaanisqatsi sont repris dans d'autres productions ; voir Watchmen de Zack Snyder par exemple.
Certaines trouvailles visuelles sont en outre absolument bluffantes, à l'image de la superposition des activités humaines et du microprocesseur (on comprend quand on a vu le film).
Koyaanisqatsi avait surtout des décennies d'avance, et n'a jamais été autant d'actualité. Tour de force incroyable : il fait passer son message, plus que jamais politique, sans un seul acteur et sans une ligne de dialogue. Seul subsiste le carton qui s'affiche à la conclusion du film, et qui donne son sens à l'ensemble. Jamais on n'aura plus bel exemple du pouvoir de l'image : sans aucun effet prosélyte, le film fait passer ses idées sans une once d'équivoque. Et les idées ici sont légions ; les êtres humains et la planète, le sens de la vie, l'activité humaine, le consumérisme, la robotisation, et la liste n'est pas finie...
En clair, un film indispensable autant qu'unique.