Koyaanisqatsi par Horst_Tappert
Koyaanisqatsi est un film muet d'une heure vingt, une expérimentation visuelle et musicale sur le thème des rapports entre les êtres humains et leur planète.
Le film s'ouvre sur des paysages naturels magnifiques, travellings larges et musique hypnotique, puis dérive rapidement sur l'exploitation des ressources par l'homme, son l'installation en sociétés, ses modes consommation contemporains.
La musique, composée par Philip Glass, est parfaitement en accord avec l'image, et son caractère répétitif et minimaliste est en totale adéquation avec le rythme de la nature et les activités humaines qui sont présentées dans le film.
Tout le film est basé sur des jeux visuels de relations de tailles, de géométries et de mouvements (filmés au ralenti ou en accéléré) et une superposition métaphoriques d'images, créant ainsi des rapports de comparaison qui permettent au spectateur de comprendre la thèse, le propos de l'oeuvre.
Le film comporte en effet un certain engagement. Une angoisse envers le devenir de l'humanité si cette dernière ne modifie pas ses comportements et attentes.
On trouve par exemple dans le film une opposition tranchante marquée entre la géométrie en courbes des paysages naturels et en droites pour les constructions humaines.
On retrouve aussi un contraste au niveau des mouvements : gracieux et tranquilles pour les paysages naturels (Le ballet des nuages, omniprésent dans le film, la mer...), désespéré et futile pour les activités des villes... (Les flux de voitures, des passants, des machines industrielles)
Certaines métaphores sont particulièrement cyniques, comme par exemple la séquence qui met en relation visuelle une chaine de fabrication de saucisses et une sortie de métro, ou encore la superposition d'images aériennes de métropoles américaines avec la structure d'un microprocesseur, soulignant le déterminisme commun des deux sujets, leur inéluctabilité.
Cette angoisse semble néanmoins mêlée dans le film d'une certaine fascination esthétique pour l'organisation des sociétés humaines.
Le film ne donne jamais dans le pathos, dans les images choquantes, dans l'actualité ponctuelle, il reste dans un état de contemplation quasi objective, et c'est ce qui le rend si intéressant à mon sens, comme s'il parvenait à s'éloigner des conceptions bassement humaines et d'une quelconque empathie.
Le film s'achève sur la signification de son titre, Koyaanisqatsi, qui en language hopi signifie "Un mode de vie sans contrôle, sans mesure"
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