Se faire un véritable avis sur ce film se doit de n'être contraint ni parasité par aucun autre avis déjà existant. Lire l'avis d'un autre à propos de Koyaanisqatsi, c'est déjà se spoiler soi-même.
Une beauté sans égal, un regard nouveau, affranchit d'une échelle humaine, qu'elle soit spatiale ou temporelle.
Pas de prétention, le film ne cherche pas à faire un inventaire du beau ou de l'impressionnant. Pour preuve il reste longuement sur des foules, portions de routes, parties d'industries... plutôt que ne cherche à montrer toutes les merveilles de la nature et de l'activité humaine. En fin de compte c'est une banalité traduit sous forme de compositions magistralement orchestrées, sous un point de vue d'une belle objectivité, structurée par un jeu de montage exceptionnel, accompagnée d'une bande-son à couper le souffle, appuyant tous les effets portés visuellement.
Et c'est beau de voir qu'une perception nouvelle de cette banalité peut se permettre de s'affranchir de discours, car elle obtient son propre fonctionnement discursif de la sorte. C'est une ode à l'ouverture de soi, au laisser-aller de son opinion, pour comprendre quelque chose il faut savoir se détacher de ses préconceptions. Si l'on se laisse aller à son jeu, le jugement subjectif que l'on pourra faire du film sera d'une pureté infaillible. Et peu importe que l'on ait l’œil pessimiste ou admiratif face aux sujets traités et montrés à l'écran, l'objet cinématographique, lui, conservera son intégrité, sa puissance de frappe, et sa perfection objective.
Dans notre monde en accéléré, Koyaanisqatsi est une parenthèse, un temps de pause, une respiration parfois s'appuyant de manière presque ironique sur des échelles de temps plus rapides que la nôtre...
L'interpréter est une liberté jouissive et volatile. Le voir est un plaisir indéfinissable, l'écouter n'en fait pas moins, qu'en serait-il de le vivre ? de pouvoir adopter ses modes de perceptions spatiales et temporelles rien qu'une heure ?