A lire les critiques copiées/collées, Kraven The Hunter ne peut que sentir le fauve dès lors qu'il est le dernier avatar, voire le dernier clou du cercueil, de cet étrange Spiderverse sans Spider-Man made in Sony. Il en serait même, selon certains, le pire des étrons, soit en dessous même de Madame Web et ses cosplays pornos, ou de l'immonde tâche de vomi en forme de gloubiboulga informe que constituait Venom premier du nom.
Preuve que l'exagération a encore de beaux jours devant elle.
Et attention les yeux : le masqué va même vous dire qu'il a kiffé.
Et là, sans la moindre honte éprouvée, c'est toute idée du bon goût qui vient de décéder à grands coups de pelle dans la gueule.
Oui, certaines scènes sont un peu problématiques, tandis que des personnages sont assez sacrifiés, comme Calypso, ou encore artificiellement reliés à la trame principale, comme L'Etranger.
Mais le masqué a eu envie de retenir les bonnes idées et les tentatives plutôt bien tenues de l'adaptation d'un matériau casse-gueule à une réalité / modernité de l'environnement. Et le personnage de Kraven en premier lieu. Car en voilà une figure du bestiaire bien bigarré de l'Homme-Araignée qui était promise à ne jamais voir le jour sur un grand écran sans quelques nécessaires libertés. Mais en faire un melting pot de Daredevil, du Punisher et de Tarzan a du sens et ne manque pas d'aplomb de la part de Sony, tout comme le quasi abandon de l'humour infantilisant des opus précédents et l'aspect plutôt violent de l'ensemble.
Et puis, il y a cette belle idée d'inscrire l'oeuvre dans une sorte de saga familiale criminelle, souvent mise en scène dans le comics d'origine, occasion de convoquer quelques autres méchants bien connus du Monte-en-l'air, même si un ou deux clins d'oeil supplémentaires n'auraient, pour ma part, pas été de refus.
Quelques séquences purement action valent en outre le coup d'oeil, comme cette ouverture dynamique en milieu carcéral ou cette course-poursuite urbaine entraînante et bien menée. Mais le coeur de Kraven The Hunter semble être tourné vers ses thématiques de la toxicité paternelle, et de cette cavale sans issue pour y échapper, de la loyauté familiale finissant par déchirer deux frères et la confrontation de l'animalité en chacun de nous. Des thématiques qui, malgré nombre de maladresses, ont le mérite d'exister et de dépasser en quelques occasions le simple cadre du super hero movie.
De manière étonnante, le masqué est resté vissé sur son siège tout le long de l'origin story de Kraven. Alors même qu'il pensait initialement faire l'impasse sur cette décrétée immondice. Mais il ne s'est pas ennuyé ulne seule seconde. Et il a été séduit par l'effort d'adaptation et d'actualisation du personnage, ainsi que par l'environnement criminel dans lequel il a été greffé.
Au point de vous en chanter quelques louanges aujourd'hui, au grand désarroi du cinéphile normalement constitué que ses abonnés semblent être.
Voilà qui ressemble, en l'état et à la sortie de la séance, à un (petit) miracle de Noël.
Behind_the_Mask, fauve qui peut.