Sans plaisanterie aucune... je l'avoue : Kraven The Hunter était peut-être le film que j'attendais le plus de toute l'année 2024.
"Mais qu'est-ce à dire que ceci ?!" vous demandez-vous probablement. Ou encore "Quel genre de clown pourrait bien encore attendre un énième film du lamentable Sony's Spiderman Universe (SSU pour les connaisseurs) ?!". C'est tout à fait compréhensible, et pourtant, malgré moi, j'étais conquis dès la première bande-annonce sortie début 2023. Un nouveau long-métrage d'un ennemi de Spiderman SANS Spiderman, une brutalité totalement inattendue et des lignes de dialogues à crever de rire. Oui : Kraven The Hunter allait être LE nanar de l'année. MON nanar.
Mais voilà que le film s'est vu repoussé à maintes reprises, faisant grandir mon obsession. D'un côté j'attends impatiemment de marrer devant un déluge de médiocrité, d'un autre j'ai quand même l'espoir que Sony réussisse au moins UN film. Juste un, pitié !
La semaine précédent la sortie en Suisse, c'est carrément l'angoisse : Instragram ne cesse de me bombarder de publicités avec le chasseur réduisant des têtes en purée de pastèque sur fond de Johnny Cash chantant son "When the man comes around". C'est infernal ! j'en fais littéralement des rêves ! Au s'cour ! Et en plus les critiques négatives commencent à pleuvoir, annonçant un film catastrophique ! Bon sang : il fallait que je vois Kraven !
Vendredi 13 décembre 2024, séance à 22h30, salle géante complétement vide, juste moi, mon pote, une bière et le chasseur. Verdict : séance mémorable et long-métrage franchement pas trop mal foutu avec un très joli verni nanardesque. Je gagne sur les 2 tableaux. YEEEEEEES !!!
J'évacue rapidement l'évidence : oui, Sony nous a à nouveau menti avec ses bandes-annonces. Kraven devenant un super vilain à la fin du film ? Lol, non (qui ça surprend ?). Une attaque de loups dans le blizzard ? Dégagée du montage. Kraven chassant dans la jungle vêtu de sa mythique veste ? Ne vous faites pas de faux espoirs : c'est dégagé aussi. Mais tout le reste est bien présent, du moins si on ne s'attendait pas à plus que ce qui avait déjà été montré. Sony nous donne clairement ce qui nous avait été grossièrement promis, à savoir un chasseur qui chasse des méchants messieurs pendant 2 heures. Et le film le fait vraiment très bien.
Les scènes d'action sont brutales et régressives, particulièrement plaisantes à regarder. Rues londoniennes, prison russe, ancien monastère, forêt, etc. Les terrains de jeu de Kraven sont variés et offrent à chaque fois des idées de combat intéressantes, évitant ainsi une sensation de répétition. Et que dire des improbables pouvoirs de Kraven, boosté aux céréales Lion chocolat-caramel, qui se met à grimper comme un singe et sprinter à 4 pattes pour attraper les vilains. Aussi cool qu'inintentionnellement drôle. Un régal.
Mais que serait l'action sans le véritable atout de ce projet incongru, à savoir Aaron Taylor Johnson. Plus bestial que jamais, l'acteur impressionne de par sa physicalité et son charisme d'ours sibérien. Rien de subtil dans sa performance, mais à aucun moment je ne doute que j'ai devant les yeux un gros russe (sans accent N.B.) mal léché, préférant trainer dans la forêt pour se goinfrer de saumon plutôt qu'aller manger une salade au resto. Mais c'était sans compter sur ce bon vieux Alessandro Nivola, sortant de nulle part pour pratiquement faire de l'ombre au chasseur en livrant la meilleure interprétation de pédophile qui t'attend à la sortie de l'école. L'acteur le sait ! Il sait qu'il n'est pas du tout la bonne personne pour interpréter le Rhino ! Il sait qu'il est dans un film sur Kraven ! Il sait que c'est complétement débile et que mieux vaut aller dans le sens du vent plutôt que lutter. C'est tout simple : Nivola est dans le surjeu absolu, enchaînant mimiques et répliques à s'esclaffer dans son fauteuil de cinéma. Et quand il finit par se transformer en rhino-humain dégueulasse à la fin du film pour faire voler des camions, mais c'est l'apothéose ! Et au milieu d'un troupeau de buffles AFRICAIN alors que la scène se déroule au milieu de la RUSSIE ?! Mais c'est fantastique, incroyable ! Voilà ce que j'étais venu chercher : du nanar !
Concernant les aspects plus "sérieux", franchement pas grand chose à dire : c'est passable sans être mauvais. JC Chandor se débrouille pas trop mal malgré la pression du studio, livrant parfois quelques plans trop soignées pour une production aussi décérébrée. Quant au scénario, c'est l'histoire typique de gangsters et de tensions familiales, avec un filtre super héroïque. Honnêtement, avec Chandor à la réalisation (A most violent year) et Richard Wenk au scénario (la saga merdique Equalizer), fallait s'y attendre. J'apprécie de voir un peu de tentative de "drame humain" et de développement de personnages, mais c'est au final très brouillon. Toutes les scènes de dialogues sans Alessandro Nivola s'avèrent plates comme des disques vinyles, mais de toute façon qui était venu pour ça ? Moi je voulais regarder d'obscures personnages Marvel se mettre sur la gueule et voir Aaron Taylor Johnson obtenir toute la force du lion grâce à des céréales au délicieux goût de chocolat et caramel, et je l'ai obtenu, ah ça oui !
Certes, je rigole, je critique, mais plus sérieusement : non, Kraven The Hunter n'est de loin pas aussi mauvais que tout le monde le prétend. Le scénario est convenu, les acteurs sont aux fraises, oui, mais ça n'enlève rien au fait que l'équipe derrière voulait clairement essayer de faire un film solide. C'est un peu raté, mais ça reste très divertissant et vraiment, VRAIMENT très drôle. De loin le meilleur film du SSU, éclatant la gueule de la pitoyable trilogie Venom et éradiquant les lamentables Morbius et Madame Web. Et avec l'annonce de Sony voulant mettre le frein aux projets nuls sans Spiderman, je suis rassuré de voir qu'on termine pour une fois sur une bonne note.
Est-ce que j'en fais vraiment tout un pataquès pour un semi-nanard avec Kraven qui court sur des murs et tabasse un rhinocéros pédophile ? Probablement... mais je m'en fous : c'était ma meilleure séance de l'année. Alors maintenant Kraven, Johnny Cash et Sony, veuillez gentiment me foutre la paix, ok ? Moi je m'en vais découvrir l'animal qu'il y a en moi et en chacun de nous (c'est Nivola qui le dit, pas moi) en savourant une barre Lion, histoire de rugir encore un coup :
ROOOOOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAR !!!