Dans Kraven the Hunter, réalisé par J.C. Chandor, Sergei Kravinoff, érigée en antagoniste, concentre l’architecture du récit. Face à lui, Kraven décide de rompre avec l'héritage de son père mais le film s’attarde à montrer la complexité de cette rébellion : les blessures de l’enfance, son frère, les ombres d’un héritage impossible à effacer continuent de hanter ses actions. Le film suit sa transformation de prédateur implacable en homme confronté à ses propres démons.
Pourtant, malgré cette ambition, le film glisse souvent vers des conventions éculées. Les dilemmes moraux et les tensions familiales s’étiolent dans des archétypes trop familiers. Le portrait de Kraven manque de cette complexité qui pourrait le rendre intéressant.
La brutalité se veut animale, mais finit par paraître gratuite, dépourvue d’un véritable sens émotionnel ou narratif, autre que mécanique. Dans un genre où la surenchère visuelle est devenue monnaie courante, rien étonne.
Le paysage saturé des films de super-héros rendait d’autant plus essentiel pour Kraven the Hunter de trouver sa propre voix. Pourtant, en reproduisant des structures narratives et en s’enfermant dans une exécution formatée, le film échoue à se distinguer. Cette redondance finit par peser, amplifiée par des dialogues explicatifs qui alourdissent une narration déjà peu innovante. En dernier lieu, le sentiment d’un film trop occupé à satisfaire les exigences commerciales de son genre émerge.
Ainsi, ce rejet vient peut-être d’une fatigue face à un cinéma de super-héros qui, à force de répétitions et d’excès, ne divertit plus. En manquant d’âme, de nuance et d’innovation, Kraven the Hunter illustre la difficulté d’émerger dans un genre qui semble parfois condamné à s’autoparodier. Les héros ont banalisé l'extraordinaire, finissant par sombrer dans l’oubli, érodés par leur propre uniformité.