Kubo est un jeune orphelin contraint de vivre avec sa mère, dont la santé mentale semble décliner, caché dans une grotte. Borgne, il ne doit en aucun cas sortir une fois la nuit tombée, sous peine de se faire arracher son deuxième œil par son grand-père, le Roi de la Lune. Son enfance et ses rêves, il les anime en donnant vie à des figurines de papier, un don étrange que sa mère semble elle aussi détenir. Voilà pour un très bref résumé des cinq premières minutes du film ... Kubo et l'Armure Magique est le dernier né des studios Laïka, une boîte de production spécialisée dans l'animation image par image qui s'est démarquée en proposant des films appartenant à des genres adultes mais visibles par toute la famille. Coralie était par exemple un pur film d'épouvante et les Boxtrolls une comédie fantastique bien glauque au ton délicieusement british. Leur travail étant à chaque fois remarquable, j'attendais avec impatience leur nouveau film. Et soyons directs d'entrée de jeu, il s'agit de leur meilleur film !
En réalisant un Chanbara (à savoir un film de sabre épique japonais), il propose une œuvre à la fois extrêmement dense sur le plan visuel et narratif. Sans jamais essayer d'adapter leurs enjeux et scènes au plus jeunes, le studio Laïka à bien compris que les enfants sont tout à fait aptes à suivre des œuvres adultes. Il suffit juste que le format et le langage leur soient adaptés. C'est exactement le cas ici. Du point vue du pur spectacle, outre le fait d'être techniquement bluffant, Kubo se révèle être à la fois le meilleur film d'action et le meilleur film d'aventure de l'année. Exotique, enivrant, rempli de magie et de monstres, le voyage qui nous est proposé est trépidant ! Dès que l'action se met en place, nous avons droit à des combats grandioses et spectaculaires.
Le plus impressionnant est que l’œuvre est au moins aussi puissante dans ses thématiques et dans son traitement ! Abordant frontalement et sans aucun ménagement des thèmes comme la mort, la folie, la vieillesse ou la compassion, le film est souvent extrêmement dramatique. Les émotions faisant partie de notre quotidien, le studio Laïka a toujours eu comme ligne de conduite de ne pas les édulcorer. Ce respect envers la maturité des enfants, on la retrouve d'ailleurs en permanence. Que ce soit au travers de méchants ambigus et franchement terrifiants, d'un développement scénaristique très dense ou d'une volonté de coller au plus près aux mythes et légendes asiatiques, l'esprit d'ouverture des enfants est continuellement sollicité.
Le personnage de Kubo est à lui seul une métaphore du travail du studio. C'est un enfant dont le don est de pouvoir donner vie au papier et qui s'en sert pour raconter des histoires aux adultes. Car c'est exactement ce dont il est question. Kubo est un film pour adulte raconté par un enfant ! Comme l'étaient déjà Coraline, Paranorman ou les Boxtrolls. Mais c'est aujourd'hui que le studio Laïka semble avoir atteint son sommet ! Véritable chef-d’œuvre du cinéma d'animation (et du cinéma tout court d'ailleurs), il s'agit sans aucun doute du film à voir en famille durant les futurs vacances d'automne. Épique pour les papas, sensible pour les mamans, drôle pour les enfants et bluffant pour tous, il s'agit d'une merveilleuse invitation au voyage !
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