Kundo
Dans une société féodale très inégalitaire où les possédants exploitent les pauvres, une bande d'insurgés se dressent contre le royaume et les seigneurs pour redistribuer les richesses. Ce combat se...
le 18 avr. 2016
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Unis nous sommes le peuple, divisé nous sommes des brigands!
Kundo est un film sud-coréen à l'humour délectable version western-spaghettis et aux actions impressionnants, offrant un divertissement honnête sur une troupe de gentils bandits à l'attitude louable volant les richesses de la noblesse corrompue pour le distribuer aux plus pauvres, les Robin des bois version samouraï. Réalisé par Yoon Jong-Bin à qui l'on doit diverses productions somptueuses comme Nameless Gangster, The Unforgiven, Beastie Boys ... livre une oeuvre à la fois enjouée et sadique au rythme funky interprétée avec conviction par une distribution au top.
Kundo possède un scénario dynamique, riche en aventure joviale et très abrupte dans sa violence avec une dose mélodrame bienvenu qui rend le tout parfaitement digeste. Une épopée explosive combinant adroitement une partie de l'esprit Tarantino à celui de Sergio Leone le tout assaisonné version orientale. Le récit s'établit comme une virée aventureuse agrémentée par plusieurs arcs d’histoire mineures qui pourrait ralentir le rythme et paraître redondantes, mais il n'en est rien, car ceux-ci améliorent le background du héros et surtout de l'antagoniste ce qui les rend grandement plus touchants.
L'histoire se situe pendant la période Joseon en 1862, et les divers décors s'y prêtent bien. Le récit commence par une intro très entraînante qui donne rapidement le ton, avec une manière enjouée de présenter les bandits le tout sans pour autant partir dans le burlesque; la réalité des morts et la violence de certaines scènes nous rappelant la gravité de l'enjeu. En cela, le scénario ne tombe pas dans la facilité en refusant de céder ses thématiques sérieuses et dramatiques (traduites par des séquences de gravité) à l'humour, préférant attendre un moment plus opportun à la comédie. Ceux-ci vent être réellement salué car c'est souvent un très gros problème dans les Blockbuster habituel, où l'on vient à perdre l'intensité d'une séquence par un humour très mal placé désacralisant tout ce qui a été instauré l'instant d'avant.
Le cinéaste saisit de belles images qui contraste de par leurs couleurs, entre des paysages arides et secs d'où la roche et la poussière sont soulevées par la moindre brise, pour contre-balancer par le territoire des bandits, une contrée riche et abondante cachée dans une gorge entre deux montagnes. Il en va de même avec les différentes demeures traditionnelles entre les versions bourgeoises et pauvre, la subtilité bien entendu élaborée du côté des riches. Un stylisme efficace pourvut d'une modalité dans les différents costumes et autres artefacts joliment peaufiné. Une inventivité dans les différentes armes mise en avant qui fonctionne très bien, entre sabre japonais, hachoir de boucher en dague, mitrailleuse(rappelant Django 1966)... il y en a pour tous les goûts.
Une production sérieuse et pointilleuse que l'on sent appuyer par un budget conséquent aux vues de la qualité visuelle ainsi par l'ensemble des techniques élaboré autour de la construction du film. Parmi les défauts artistiques je viens à regretter une utilisation trop récurrente d'une voix off servant de narration qui au début est certes utile (exposant les tenants et aboutissants sur la famine due à une météo défavorable servant d'exaction, d'escroquerie et d'abus à la bourgeoisie envers les pauvres paysans) mais qui a la longue, à force d'utilisation agace.
Les musiques de Jo Yeong-wook sont bien funk et rythmée par un habile mélange de tirades à la guitare dans le plus pur style western occidental le tout associé à des pistes audio orchestrales plus familières de leurs régions. Il est surement et surtout évident à rappelé l'utilisation d'une bande-son bien connue du grand et regretté compositeur Riz Ortonali avec le titre percutant ""Day of Angers""; une belle composition Italienne qui s'associe magnifiquement avec ce film, un vrai plaisir à réentendre avec cette guitare qui au début émet un son diablement sexy.
Les personnages principaux composant ce film sont nombreux et tous assez habilement travaillés avec une suffisance à faire ressortir un caractère propre à chacun d'entre eux et le tout avec un minimum de séquence.
Parmi les brigands on trouve le chef Dae-ho (Lee Seong-Min) maniant le sabre à longue lame de manière brutale commandant avec le coeur son unité; son bras droit Ddaeng-choo (Lee Kyeong-young), le moine sage ambigu; le gros bourrin au grand coeur le robuste Chun-bo (Ma Dong-seok); celle dont le robuste aime Ma-hyang (Yoon Ji-hye), une habile guerrière avec une prédisposition à l'arc apportant une touche féminine forte bienvenue; le sabreur muet Geum-san (Kim Jae-yeong) qui apporte une nuance d'apaisement avec sa famille; et Lee Tae-Ki (Cho Jin-woong), mon préféré de la troupe qui incarne un noble bourgeois ayant rejoint le combat des pauvres pour l'égalité de tous. Ensemble ils forment un groupe assez marquant et nuancé dont il est très facile de s'attacher.
Puis vient enfin le personnage central de l'histoire, le héros Dolmuchi joué par Ha Jung-Woo que l'on a déjà pu voir dans les excellents ""The Chaser, Mademoiselle, Tunnel, Nameless Gangster..."" Il incarne un personnage assez atypique que l'on pourrait qualifié de simplet. Faisant partie d'une famille pauvre dont il survient au besoin par son métier de boucher qui lui donne à peine de quoi survivre, il se retrouve embraqué dans une sale histoire qui conduira à la mort des siens et qui le laissera pour mort. C'est comme cela que le boucher rejoindra les bandits pour devenir un grand guerrier manipulant le hachoir à viande qui sera motivé par la vengeance. Oui je sais, vengeance toujours vengeance mais le personnage est vraiment fun et peu commun.
Même s'il est vrai qu'il faut attendre un bon moment (environ une heure) pour que Dolmuchi passe de simple boucher à grand guerrier renommé, ce temps d'attente sert la construction du récit et le développement du personnage sans pour autant s'ennuyer. Il est superbement incarné par un Ha Jung-Woo particulièrement enthousiaste dans sa phase de combattant et particulièrement simplet et idiot dans sous les traits de boucher. Pour autant malgré une intelligence assez nébuleuse il est jouissif de le voir en action, prenant son pied dans les affrontements contre ses ennemies. Au niveau de son caractère il rappelle un peu Goku avec cet air stupide et désinvolte qui ne comprend rien à rien mais qui se révèle très sérieux et présent dans les phases de combat. A noter qui a de l'allure et pète pas mal la classe, avec une torture chevelure distrayante.
Mais que serait un héros sans un bon méchant, et à ce niveau-là faut l'avouer on est très très bien servie avec Jo-Yoon (Kang Dong-Won). Jo-Yoon c'est l'antagoniste parfait, un jeune noble aux bonnes manières, saillant, particulièrement calme et doté d'une cruauté à toute épreuve mais plutôt nuancé. Exceptionnellement doué au sabre à un point où il est considéré comme le plus grand génie dans le genre, il est aussi doté d'une intelligence accrue et d'une tacticité hors paire. Physiquement aussi il envoie du lourd, avec un aspect assez frêle et efféminé dans de beaux costumes traditionnels qui sert juste à masquer le danger et la cruauté de celui-ci.
Le plus gratifiant avec cet antagoniste vient de son background qui est relativement développé. Ainsi on assiste à son enfance traumatisante de fils illégitime qui n'a eu de cesse de rechercher l'amour de son père le gouverneur Jo. Son passé offre un fil conducteur crédible à ce méchant dont on s'attache assez facilement malgré ses différents actes cruels. Il surprend constamment par les choix et les actes qu'il commet, il est vraiment la très bonne surprise de Kundo.
La face à face entre Jo-Yoon et Dolmuchi ne déçoit pas tant la tension entre les deux hommes se détestant est palpable. Livrant à eux deux des scènes d'affrontement grandioses et épiques avec un duel final dans une forêt de bambou aux petits oignons avec un résultat pour le moins inattendu qui rend grâce à l'antagoniste par son geste et qui donne au héros l'occasion de finalement respecter son ennemie jurée malgré ce qui l'a pu lui faire.
CONCLUSION:
Kundo est une petite pépite du cinéma Koréen sacrément divertissant, offrant un spectacle délicieux, violent, fun et enjouée laissant un excellent arrière-goût. Que ce soi l'esthétique, la photographie, la bande-son, la distribution, les actions rien n'est laissé au hasard. Un film qui possède le défaut de se finir trop tôt car on en aurait redemandé bien plus encore.
Du beau travail qui prouve que les films d'arts martiaux aussi peuvent être pourvus d'une attention technique digne des plus grands, ce qui mérite des félicitations pour son réalisateur Yoon Jong-Bin. À voir et à revoir pour le tonus que vous afflige son visionnage.
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Créée
le 12 janv. 2019
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