Comme à son habitude, les mots chez Varda sont beaux et cinglants : « on ne pouvait pas avoir l’air plus minable qu’il était et je l’ai trouvé magnifique ».
Mary Jane est une mère célibataire d’une quarantaine d’années. Un jour, elle tombe sous le charme de Julien, un camarade de classe de sa fille de quatorze ans. Le garçon est fou d’un jeu sur une borne d’arcade, Kung-fu master, dans lequel il incarne un karatéka combattant des ennemis de niveau en niveau afin de délivrer une femme prisonnière. Mary Jane aussi voudra bientôt jouer.
L’analogie clignote mais sans lourdeur. Borne d’arcade ou pas le jeu sera la thématique dominante : il y a aussi cette jolie scène de plage où Julien explique les règles de Donjons et Dragons à Mary Jane. Il y a toute cette dynamique inversée qui voit la femme en plein apprentissage. Et c’est finalement moins l’histoire d’une femme qui tombe amoureuse d’un adolescent que la quête nostalgique de sa jeunesse perdue. C’est très beau. Et le film navigue entre légèreté et gravité, avec l’angoisse du SIDA partout, en filigrane.
Ce qui est très étrange et touchant aussi, c’est son aspect film de familles. Demy et Gainsbourg réunis. Puisque Jane Birkin y tourne avec ses deux filles, Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon. Et Varda y fait jouer son fils, Mathieu Demy. Beau film.