Kung Fu Panda 2 par XavierChan
Suite au succès logique –car le film est réussi- de Kung Fu Panda premier du nom, la Dreamworks, comme à l'image de sa franchise Shrek exploitée jusqu'à plus soif, sort à grand renfort de promotion une nouvelle aventure de son attachante mascotte. Sans surprise, cette nouvelle odyssée ne convainc que moyennement car plombée, une fois de plus, par ce conformisme et cette linéarité qui scient tant aux productions animées américaines. Kung Fu Panda, vrai film d'aventure et conte non assumé sur l'obésité ? Il y a un peu des deux. Etrangement, le film a de forts relents d'une autre mascotte, live cette fois-ci, celle des Pirates des Caraïbes de Disney : même anti-héro d'une tendresse et d'un courage bien maladroits, même sens de la vanne parfois en-dessous de la ceinture, motivation là-aussi identique sauf qu'il n'y a point de trésor à la clé, mais une identité. Kung Fu Panda, c'est donc la quête d'identité d'un gros balourd bicolore, un « qui suis-je » hélas déjà très souvent abordé dans les aventures de Disney, de la 20th Century Fox ou encore de la Dreamworks. Fini princesse et magie, place aux états d'âme de ceux qui ont réussi, par le passé, à nous décrocher des sourires gros comme ça.
Kung Fu Panda, hormis son kilomètre de vannes réglementaire, cache donc une étrange noirceur, un malaise indicible à première vue mais bien présent, traité en filigrane parce que l'objectif premier du film est de distraire, d'envoyer des clins d'œil par paquets au premier opus, à la culture vidéoludique (excellente et courte référence à Pac-man), de brasser tout un tas d'éléments issus du folklore local pour les tourner en dérision, en extraire leur substance comique parce que le regard, ici, n'est pas chinois, mais bien occidental. Il suffit de comparer les divertissements chinois et occidentaux pour s'apercevoir du gouffre qui les séparent, aussi bien au niveau des sujets traités que du ton général. Mais cette noirceur ne vient clairement pas du pays du milieu mais des grands studios hollywoodiens. Il eut été facile, il est vrai, de choisir l'excuse d'un pitch plus sombre pour avoir de la matière. Mais une quête d'identité et le règne d'un paon diabolique sur la Chine ne sont pas ce qu'on a vu de plus gai rayon divertissement populaire. C'est pourquoi Kung Fu Panda reste avant tout Kung Fu Panda. Cette même peinture –très inégale- du monde des arts-martiaux dont le film en fait la principale composante de son titre, cet humour très moderne et parfois inspiré, entre jeux de mots et pur comique de situation (l'incroyable séquence où l'on pense Panda prêt à combattre le tyran alors que c'est finalement loin d'être le cas). Mais sa réalisation et son sens du rythme plutôt impressionnants ne cachent pas les faiblesses d'une quête pas du tout originale pour un sou, dont les personnages finissent tous par être de simples pions sur un échiquier condamné à la rigolade.
A croire que le film n'arrive jamais a réellement assumer d'un côté sa noirceur et de l'autre son ricanement –plutôt gentil et tendre - sur les faiblesses intrinsèques de Panda qui en font l'attraction principale du film. Etant donné que l'on sait d'amblé comment va se clore ce nouveau chapitre (faut pas déconner, on est chez Dreamworks), Kung Fu Panda 2 vaudrait presque uniquement le déplacement pour ce gros animal fainéant, attraction immanquable des zoos chinois. Le reste n'a que peu d'intérêt.