Il serait peu dire que Dreamworks a retourner l'esprit et la raison au point que beaucoup de personnes ne jurent que par leurs dernier coup de cœur du studio: Chat Potté 2. Je ne citerais pas de nom ni même d'exemple, mais sans même parler de ceux qui condamnent des films sur des bandes annonces sans même voir le film, entre ceux qui critiquent par principe des films qui ne font pas de mélanges marqués entre 2D et 3D, ceux qui essayent de parler d'une filmographie sur plusieurs années en ne prenant que les films récents et en citant vaguement ceux qu'ils ont vu enfants, ceux qui enterrent les suites sous seul prétexte que ce sont des suites (les mêmes qui adulent le Chat Potté 2 alors qu'ils ont enterré Dreamworks depuis Shrek 4, et qu'ils sont juste allé voir le film parce qu'il a fait parlé de lui, non pas grâce à eux), et ceux qui font le tout en même temps (avec le sourire chez certains)... On peut facilement s'y perdre et se retrouvé influencé par de mauvais discours. Faute d'avoir les clefs, il faut arrêter de se mettre des barrières qui ne font rien d'autres que nous empêcher de profiter d'un film, aller voir ce film Kung Fu Panda 4 pour pleinement le juger, et surtout n'y allez pas avec des idées pré-conçu. Kit à ce que vous ne voudriez pas continuer ma critique pour voir le film, mais par pitié faites attention aux discours de certains qui font des généralités inquiétantes sur les suites Dreamworks qu'ils ne comprennent au mieux qu'à moitié comme (pour citer la liste de l'un d'entre eux) Trolls 2, Les Croods 2, Baby Boss 2, ou... Chat Potté 2 (évidemment). Ce n'est pas parce qu'un film est une suite que cela en fait nécessairement un mauvais film, et il n'existe pas de "schéma Dreamworks" qui définit ce qui est un bon ou un mauvais film Dreamworks, le "schéma Dreamworks" n'est qu'une manière puéril et malhonnête d'essentialiser un sujet qu'on ne veut pas traiter correctement par peur de se remettre en question. Toutes personnes qui condamnent ces films sans les avoir vu, sur la seule base que ce sont des suites, en disant du mal ou en rabaissant les films en se donnant l'air de connaitre les films, ne méritent pas votre intérêt.
Pour revenir à Kung Fu Panda 4 c'était un projet que j'attendais un peu en vu des récents films du studio, que ce soit Les Bad Guys, Trolls 3, Ruby l'ados kraken (malgré que ce dernier était peu être moins abouti), ou même... Chat Potté 2, encore et toujours. Plus que la direction artistique, c'est l'écriture et la mise en avant d'une crainte de la perte d'identité qui me fascine dans les récents films DreamWorks. C'est une thématique qui n'est pas nouvelle mais qui s'est affirmé d'avantage après le renouveau Disney amené par Raiponce, avec des films comme Les Croods, Megamind ou même Les 5 légendes. Alors que, à ses débuts, le studio invitait à la remise en question (non pas sans un certain panache) d'une certaine manière Disneyenne de penser le cinéma d'animation, le succès retrouvé de Disney a forcé Dreamworks à se remettre en question et à assumer sa place dans le système hollywoodien. Il est facile de se dire hors système et de critiquer en s'attaquant tour à tour au studio dominant le secteur (Shrek) et le système hollywoodien qui ne remet pas en cause le dit studio (Shrek 2). Cependant, il est plus difficile de s'affirmer avec une ligne de conduite clairement identifiée, et d'assumer nos positions face à ce que peuvent proposer la concurrence. C'est ce qui va notamment motiver la fin controversé de Shrek 4, complément de la démarche entreprise dans Shrek 3, qui se retrouve à être trop moderne et trop en avance sur les événements que vivait Dreamworks à l'époque. Il manquait une ligne de conduite artistique clair qui, faute d'être un schéma obligatoire, pouvait rendre identifiable un film Dreamworks d'un film provenant d'un autre studio (par exemple BlueSky) se voulant lui aussi à contre-courant du modèle Disneyen. Cette ligne de conduite, Dreamworks mettra un certain moment avant de pleinement pouvoir la mettre en avant. Ce n'est que grâce à une radicalisation de la politique Disneyenne sur le cinéma d'animation, avec Ralph 2.0, que Dreamworks va pouvoir mettre en avant son envi de défendre une vision réflexive et pédagogique de l'animation grand public qui ne se limite pas à simplement taper sur une seule concurrence. Il n'est plus tant question de divertissement s'éloignant de la réalité, comme pouvait promouvoir les films Disney dès leurs débuts, mais bel et bien de faire prendre conscience du monde qui nous entoure, kit à remettre en cause des pratiques et des visions de l'art qui puisse être néfaste à long terme. Ces thématiques sont là depuis Fourmiz, mais maintenant il fallait se détacher la figure de Disney. De la même manière que Disney durant la période post Roi Lion avec l’insertion progressive du personnage 3D comme nouvel norme de beauté Disneyenne, Dreamworks a remis en question ses classiques pour développer une nouvelle façon d'exposer son propos, et de mieux interpeler par la suite. C'est pour cela que l'on va avoir des films qui vont balayer les propositions des films post Shrek 4, avec Trolls 2 (travaillant l'univers de Trolls premier du nom) ou encore Dragons 3 qui retravaille la saga Dragons (1 et 2). Tout peut se résumer en une seule interrogation qui va rythmer tous les films Dreamworks récent: "Et après ?". J'étais très intéressé par ce Kung Fu Panda 4 car n'ayant pas aimé le premier (et manquant de conviction pour voir les autres volets de la saga), j'espérais une remise en question des points qui m'ont déplu dans le premier volet, kit à ce que je rattrape la saga sur de meilleurs bases. Malgré que ce film ne serve de film transition pour le prochain Le Robot Sauvage, le projet se révèle très intéressant... et débouchera en un film qui l'est tout autant.
Passé la scène d'ouverture, le film expose parfaitement les enjeux soulevés dans ce 4e volet: que faire après trois films Kung-Fu Panda ? Que retient-on de Po et de ses aventures ? Les tentations sont très grandes de préserver Po de tout évolution complémentaire, de stopper son parcours après être devenu Guerrier-Dragon (et après avoir reçu le Sceptre de la sagesse), et de figer l'image de la saga à tout jamais. La séance de dédicace après l'ouverture du restaurant l'illustre littéralement, avec Po s'entourant de pancarte pour remplacer ses amis absents, et se contentant de rester immobile pour que tout le monde puisse avoir son image au côté de Po. Po n'est plus maitre de sa légende, et chacun peut incarner ce que Po est déjà, mais que lui est destiné à ne plus être. Po grandit et s'il a pu évoluer jusqu'à présent c'est grâce au fait qu'il accepte d'avancer et d'aller au delà du statut qu'il a déjà acquis. Il se retrouve ainsi prisonnier de son rôle de Guerrier-Dragon, car l'évolution s'arrête au fur et à mesure qu'il ne cherche plus à progresser et surpasser ce qui n'est qu'une étape parmi tant d'autres pour devenir qui il est au fond de lui. Tout comme Chat Potté 2, l'évolution morale et sociale du personnage est illustré à travers les angles de caméra et la manière dont les personnages à l'image. Là où Potté ne fait que descendre, de son introduction jusqu'à sa défaite contre le Loup dans le bar, Po est constamment dans l'immobilité. Cela est retranscrit dans la mise en scène, notamment durant un affrontement contre une raie volante qui lui prive peu à peu de toute capacité de mouvement, mais aussi dans la manière de filmer Po. Si la caméra peut le montrer comme un héros, celle ci tournera et avancera de tel manière à ce que Po soit toujours bloqué dans son mouvement. Lorsque Po affronte un ennemi dans les airs, l'ennemi la caméra montrera l'ennemi comme tournant autour d'un Po immobile plutôt qu'un Po dynamique qui avance vers le combat. Cela se voit aussi notamment lors des montés d'escalier, où la caméra va pour surplomber Po pour jamais lui permettre de s'élever au delà de son niveau, toujours l'emprisonner dans son niveau actuel. Po ne pense pas assez à l'après, n'arrive plus à gravir les marches vers une forme de spiritualité supérieur, et c'est en recevant un regard extérieur, qui le montrera face à cette réalité, que Po pourra être pleinement ouvert à trouver une solution à son problème... situé en hauteur. Cela est mis en opposition avec La Caméléone, une guerrière qui cherche des suiveurs en ayant soit-même rien accomplit, où tous ses contacts avec elle ne pousse qu'à la paralysie ou à la descente d'escalier, et qui cherche plus que tout à préserver ce qui est passé. C'est un personnage qui vit de l'immobilité du monde et de ses adversaires qui se reposent trop sur ses acquis et qui finissent par se confronter aux limites qu'ils se fixent en n'évoluant pas, et en étant condamné à perdre face à eux même. On peut y voir, dans une certaine marge, un parallèle avec l'algorythmisation du cinéma moderne et l'intelligence artificielle qui, attrayante par ses capacités à reproduire ce qu'elle assimile pour atteindre une forme qu'elle comprend comme une forme mathématique de suprême puissance. Il faut savoir aller au delà de ce que l'on est capable de produire à travers une transmission qui laisse une trace dans le temps. Po ne peut plus se contenter de rêver d'être un guerrier-dragon qu'il est déjà et assumer son évolution en allant au delà, penser à après.
Il y a ainsi une forme d'irrévérence qui se met en place pour casser la routine réconfortante de Po. Celle-ci va prendre la forme d'une renarde qui sait très vite plaire et retenir l'attention. A travers sa tchatche, à travers un regard grinçant et finement joué, celle-ci souligne à merveille l'absurde que peuvent avoir les conventions et les règles qui sont dictées à Po, mais aussi l'immobilisme dans lequel s'enfonce Po à force de vouloir échapper inlassablement à ces mêmes règles. Ce n'est pas une irrévérence et un talent spectaculaire, comme ceux des prétendants du maitre panda roux qui tient à ce que le successeur de Po soit choisit selon la tradition, mais une irrévérence qui puisse correspondre à Po. Po doit évoluer et transmettre le flambeau à une nouvelle génération qui saura aller plus loin que lui ne peut aller, et ce n'est qu'en se reconnectant au réel qu'il saura comment avancer, et c'est étant proche du réel que le successeur devient le plus légitime. Mais plus que Po lui-même, c'est toute la logique de Kung Fu Panda 1 qui va être bousculé (et j'imagine toute la saga). On ne retrouve plus les personnages gravitant autour de Po, Po est forcé de quitter son village et de partir pour apprendre à se retirer et éduquer. Les combats se font de moins en moins nombreux, mais ne sont pas moins spectaculaires, bien au contraire, car le combat vient comme une nécessité plus que par plaisir égoïste. Il y a nécessité de retrouver un équilibre entre le besoin de livrer bataille et la nécessité de se mettre en retrait. Arrivé à un stade de puissance tel que l'ennemi est obligé de l’imiter pour l'égaler, Po n'a aucune raison de démontrer sa force ni sa technique, il a surtout besoin de rétablir un équilibre dans sa vie et dans la société. L'une des scènes qui l'illustre parfaitement reste la scène dans le bar au lapin qui peut tomber dans le vide à toute réaction excessive provenant de Po. Tout cela est renforcé lorsque le père de Po vient chercher son fils en repassant dans les mêmes lieux, mais en ne sachant pas prendre conscience de la réalité autour de lui (on aura l'occasion de reparler d'avantage du père plus tard).
Si je m'attarde autant sur la démarche derrière Kung Fu Panda 4, c'est bien pour souligner les intentions extrêmement noble et ingénieuse pour renouveler la licence vers une direction qui est passionnante, passionné, et pleine d'enrichissement. Cependant, par manque d'assurance ou pour éviter tout risque de redit trop visible (et répéter le même phénomène que sur Shrek 4, ce qui aurait été fatal car les deux films sont assez proches), le film va pour désamorcer tout effet de surprise ou de lâché prise beaucoup trop soutenu. On reste dans une saga qui a marché et, même si le film le voulait, il ne peut pas reproduire le même renouveau que dans Chat Potté 2. Malgré que le premier film Chat Potté a ramené quelques avis positifs sporadiques, personne n'était triste de voir le film réactualisé et modernisé à ce point là. Le risque de déplaire et de se mettre à dos les fans de la saga était beaucoup trop élevé, le film retient les coups, et n'arrive plus à être percutant. Une scène qui illustre bien cette retenu reste le périple du père, coupant le film dans son élan en permanence afin de créer des pastilles comiques sans grand intérêt avec l'histoire ni pour le développement de Po, ne faisant qu'à appuyer un propos de fond que l'on comprenait déjà. Tout pousse à ne pas profiter du film par soi même et à ne pas pleinement ressentir ce que le film peut nous proposer. Le symbole de cela reste le sceptre de la sagesse qui est rabaissé à une arme qui paralyse et stoppent l'adversaire, à peine plus classe qu'un taser ou de la "technique paralysante" de Taïlong. On parle de "Sceptre de la Sagesse" qui est lié à des notions de transmissions, où se trouve la transmission lorsque tu paralyses la personne en face de toi ? C'est là où pour moi rate le coche dans sa démarche et n'arrive jamais vraiment là où il pouvait aller. Si c'est un sceptre servant à aider un guerrier-dragon à transmettre ses connaissances, pourquoi le sceptre ne transmet pas de pouvoir ? Cette réflexion peut vous hanter tout le visionnage car débloquant des capacités phénoménales narrativement que le film évite en rabaissant la fonction du sceptre en une arme. Que ce soit la scène dans le bar au lapin, ou même le combat final (d'autant plus lorsque l'on a un combat en parallèle entre deux armés dont une ayant été affecté par le sceptre), tout vous paraitra plat car ne reflétant pas les enjeux du film. Quoi de plus passionnant et fort de confronter son adversaire à son manque de philosophie et de spiritualité en lui offrant tous les pouvoirs et en le laissant s'autodétruire avec des pouvoirs qu'il ne peut pas pleinement maitriser ?
On ressent ainsi l'amer impression d'un film privilégiant le divertissement par rapport au propos de fond, et qui peut presque être infantilisant. L'un des symboles de cela reste le peuple de bandit qui, dans une certaine marge, peut représenter le spectateur moderne. Ce sont des personnages qui vivent dans la violence et l'action, qui ont pu aimer Kung Fu Panda, mais qui seraient incapable de l'apprécier aujourd'hui car pas assez drôle, pas assez d'action (comparé à des films moins complexé comme Spider-man Across the Spider-Verse, voire se voulant moins enfantin comme Mars Express), trop porté sur la moral... littéralement Potté au début de Chat Potté 2. C'est en acceptant de s'ouvrir à un regard extérieur, plus prude, moins en proie à la violence que ces derniers peuvent s'engager vers une route plus sûr... chose qu'ils ne vont jamais vraiment prendre. Le discours de la renarde en devient presque méprisant (sans jamais trop tomber dans l'extrême) dans une volonté de résumer le changement de mentalité en "vous êtes trop bête pour comprendre la théorie, passons directement à la pratique". Cela préserve le parcours de la renarde en faisant en sorte que n’importe quel néophyte ne puisse pas comprendre ce qu'elle a mit 1h de film à cerner, mais de l'autre, quel message le film renvoi sur son spectateur. Pour un film traitant de transmission, on a vu mieux.
Kung Fu Panda 4 est un très bon divertissement, à la réflexion maligne mais à l'exécution trop timide pour réellement mémorable. On peut toujours regretter la foi où l'on a vu une suite Dreamworks ridiculiser les films Disney de ces 5 dernières années, mais si j'ai pris la peine de forcer le comparatif avec Chat Potté 2, c'est parce que les films ont été battu du même fer, et qu'il est injuste de négliger l'un car il ne ressemble pas assez à l'autre. Kung Fu Panda 4 est un film qui propose, qui rate, mais qui tente et réussit le plus souvent. C'est imparfait, on pouvait espérer plus d'extravagance et de surprises, mais on ne peut pas remettre en cause l'évidence. C'est un bon film, avec qui on s'ennuie presque jamais, et qui permet une très bonne porte d'entré à un public néophyte et moins réceptif des films de la saga.
13,5/20
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